Un film policier assez tardif du gros Bob, aussi représentatif de l'évolution d'un genre que profondément bancal. En effet, le réalisateur tente (ambition respectable) d'embrasser trois aspects distincts, mais peine à rendre le tout homogène.

Il y a d'abord le polar proprement dit. Une affaire principale concernant le suicide supposé d'une jeune fille aux fréquentations et activités douteuses, agrémentée d'une paire d'intrigues secondaires (un serial-killer, Némésis du héros, remis en liberté et un assassinat politico-financier).
C'est assez sale (hey on est chez Aldrich), peu manichéen, il y a des poulets à la morale et aux méthodes discutables, des avocats véreux et lubriques, une critique sociale sur le thème "selon que vous serez puissant ou misérable", des secrets de famille inavouables, de la détresse aussi. On pense un peu à French Connection ou à Dirty Harry, en moins abouti, on se dit que tout cela n'est pas très fin, surprenant ou trépidant mais si on se laisse prendre au côté glauque, à l'ambiance "whisky, cigarettes et désenchantement", on suit le tout sans déplaisir.

Il y a ensuite l'exploration de la psychologie de notre héros, un flic partagé entre sa volonté de justice et l'immondice de la réalité, entre son sens du devoir et son désir d'évasion. Le sujet, très classique mais toujours agréable, ne produit malheureusement guère d'effets, la faute majeure revenant à l'interprète principal. Car si Burt Reynolds dégage un capital sympathie non négligeable, il n'en demeure pas moins un acteur médiocre, à la palette d'expressions incroyablement faible (3 selon les organisateurs, 2 selon la police). Dès lors, les tourments du personnage faillissent à être émouvants,et, pire encore, ses motivations deviennent souvent illisibles.

Il y a enfin une grande partie de la pellicule consacrée à l'histoire d'amour entre le protagoniste sus-analysé et une prostituée française (Deneuve, immonde). Ça peut être beau et émouvant, la passion de deux marginaux névrosés. Ça peut aussi être catastrophiquement niais et ridicule, au point que les passages romantiques constituent une torture à laquelle le seul échappatoire est de rire nerveusement.
Je tiens également à préciser qu'ils sont parsemés de références francophiles inutiles et risibles ("ouaaah, ils écoutent Aznavour", "ouaaaah, ils vont voir Un homme et une femme", "ouaaaaah, on s'en branle").

Au final, un film partiellement raté mais loin d'être antipathique, ce qui n'est déjà pas si mal.
Kalian
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le 21 juin 2011

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Kalian

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