Œuvre mineure située dans la dernière partie de sa carrière, "Hustle" est un faux-polar mélancolique et désenchanté, qui rassemble les principaux thèmes et obsessions de Robert Aldrich, avec un regard désabusé sur l'Amérique et sur l'humanité en général.
Le problème, c'est que le récit manque cruellement de rythme, avec une enquête qui n'avance pas avant de finir torchée dans la dernière demi-heure. On sent bien que cette affaire n'est qu'un prétexte pour décrire la déliquescence de certains milieux, mais la construction narrative bancale reste gênante.
D'autre part, Burt Reynolds n'est pas franchement un grand acteur, il manque de profondeur et de nuances pour incarner un héros aussi complexe, dont les états d'âme sont au cœur du film.
Du coup, les discussions existentielles avec la call girl dont il est amoureux (Catherine Deneuve, autre personnage en proie aux doutes et aux regrets) tombent un peu à plat et déséquilibrent un tempo déjà hésitant.
Heureusement, "La cité des dangers" dégage tout de même une atmosphère bien particulière : Aldrich parvient à installer un climat, une ambiance douce-amère, à coup de références culturelles (francophiles ou relatives aux années 30), de dialogues désabusés et de personnages secondaires intéressants, incarnés par de bons comédiens (Ben Johnson et Paul Winfield notamment).
Le riche casting comprend également des habitués du cinéma de Robert Aldrich (Eddie Albert, Ernest Brognine...), sans compter que le spectateur attentif pourra reconnaître en prime la belle Catherine Bach (Daisy Duke de "Shérif, fais moi peur") et le débutant Robert Englund (Freddy Krueger), lors de furtives apparitions.