Deuxième film du tandem Jeunet+Caro, ce conte nous plonge dans un univers étrange et fascinant, une ville portuaire aux accents de l’entre-deux-guerre, mais avec un côté fantastique vieillot à la Jules Verne. Une sorte de futur antérieur. Visuellement sublime et très abouti, on y retouve les obsessions déjà exposées dans Delicatessen et qu’on retrouve depuis dans les divers films de Jeunet. Malgré le jeu exagéré de Daniel Emilfork en savant fou et le cabotinage de Pinon, le film séduit par la relation attachante entre les personnages de One et Miette. Des êtres différents que tout oppose : un géant de foire hyper costaud mais tendre à l’intérieur, et la petite fille fragile en dehors et coriace en dedans… ce duo est au cœur du film dont la grande force est de se centrer sur ses deux personnages et ne pas mettre exagérément en avant les effets visuels ou les décors qui savent rester en toile de fond. Ce type de duo se retrouve au cinéma dans des genres différents : Léon, Man on fire, La sirène rouge, etc… Mais il trouve là un de ses plus beaux exemples. Le film prend alors une dimension poétique assez jolie et fort touchante, renforcée par la très belle musique d’Angelo Badalamenti. Ca n’empêche évidemment pas les morceaux de bravoure, comme « l’effet papillon » de la scène où la larme d’une petite fille engendre une série d’événements qui se termine par l’échouage d’un cargo ! Un film assez unique, sûrement mon favori de Jeunet dont la patte est indéniable et qui a certainement œuvré à sa réussite plus que Marc Caro ; ce qui s’est confirmé aux vues des carrières séparées de ces deux réalisateurs depuis ces vingt dernières années.