Shakespeare en Chine.
La force du film est ainsi contenue dans sa construction en plusieurs actes, à l'image des pièces du dramaturge britannique. Le même chemin inexorable vers le tragique se voit emprunté par tous les personnages d'un même pied, plus ou moins conscient suivant le tempérament et la sagesse du protagoniste.
Gong Li à elle seule mérite le visionnage, en impératrice froide et sans scrupules ni morale, victime malgré elle de son empereur de mari, plus retors et ambitieux encore. Sublimée par les décors et une mise en scène grandiose qui facilitent aussitôt l'immersion de l'époque, elle fait oublier les manquements historiques du film, qui s'est toujours voulu plus symbolique qu'authentique et rigoureux sur ces détails et les quelques incohérences que les plus tatillons ne manqueront pas de dénicher après avoir plongé le nez dans les bouquins spécialisés. La BO joue parfaitement son rôle, écrasante ou délicate, et ses derniers thèmes [Curse of the golden flower & Ending Titles], retranscrivent à eux seuls le poids cruel de la fatalité.
Il faut mentionner également le travail exceptionnel fait sur le son, les costumes, mais aussi sur le respect des silences entre les dialogues minimalistes mais toujours percutants. Les questionnements sur les règles de l'immuable et sur ce qu'il est bon de transgresser ou non livrent une morale finale glaçante, tout en révélant la fragilité des édifices de pouvoir, transgressant toute règle géographique ou culturelle. Tous les empires peuvent tomber, et une goutte de chaos suffit pour les réduire à néant. Le spectateur se retrouve seul, confronté au dilemme légitime mais non moins terrifiant et récurrent : la rébellion suicidaire, ou l'ordre assumé.
VF recommandée.