Véritable triomphe lors de sa sortie en Espagne, couronné de Goyas, La colère d'un homme patient prouve, avec El Reino, qu'il se passe des choses du côté ibérique. Premier film d'un acteur, Raul Arevalo, il raconte le retour après huit ans de prison d'un homme complice d'un braquage, qui va être entrainé par un client de son bar à retrouver ses anciens complices.
Il y a quelque choc de sec et de poisseux qui se dégage du film, où l'atmosphère a l'air suffocante. A l'image du titre français, tout repose sur les épaules d'Antonio de la Torre, lequel est remarquable en homme taiseux, mais qu'un rien suffit à le faire mettre en colère. Il y a tout un moment formidable où lui et Luis Callejo rencontrent un des anciens braqueurs, et la surprise de de la Torre de le rencontrer est telle qu'il en a le souffle coupé et se fait passer pour un muet.
En ce qui concerne la mise en scène, je la trouve étonnamment sûre d'elle pour un premier essai, et qui plus est un acteur (qui ne joue pas), avec un formidable plan-séquence inaugural du braquage de la bijouterie vue d'une voiture où attend le chauffeur. D'ailleurs, le film a été tourné en 16 mm, ce qui donne à l'image un aspect granuleux, qui rend d'autant plus cette ambiance poisseuse.
Quant aux acteurs, ils sont formidables, y compris Ruth Diaz qui en quelques scènes impose une présence, une cinégénie, et qui ose se dénuder et avoir quelques gestes sexuelles osés, ce qui n'est jamais évident.
Ce n'est pas aussi fort que sa réputation délirante le laissait supposer, mais ça a tout du polar sec et brutal. Confirmant également que cet Antonio de la Torre est un acteur prodigieux, quelque chose comme le Michel Piccoli espagnol.