Fort du succès public de son 1er film en tant que réalisateur ("La dernière maison sur la gauche") et ce, malgré les quelques démêlés avec la censure américaine, c'est donc en toute logique que Wes Craven se voit proposer de mettre en scène un autre film d'épouvante, ancré dans le même registre (le "revenge movie").
Ceci dit, après avoir opté pour un traitement dérangeant pour "La dernière...", Craven choisit cette fois-ci de s'attarder d'avantage sur la violence, dans ce qu'elle a de plus sauvage et primitif, impression renforcé d'avantage par la famille de dégénérés du film, n'ayant pour ainsi dire d'humain que l'aspect physique et corporelle (encore que).
Tout comme son confrère Tobe Hooper quelques années plus tôt avec son cultissime "Massacre à la tronçonneuse", Craven choisit comme toile de fond ni plus ni moins que l'Amérique profonde et ses démons. Si, dans "La dernière maison....", le cinéaste dressait le constat désabusé d'un pays déchiré par ses dilemmes moraux (la fin de la guerre du Vietnam face à la fin du mouvement hippie-beatnik); il s'attarde sur les conséquences morales, tragiques et psychologiques laissées par la guerre du Vietnam sur l'esprit de nombreux hommes.
Tout comme la famille de bouchers cannibales au chômage de "Massacre à la tronçonneuse", celle de "La colline a des yeux", elle-aussi amatrice de chaire humaine, fait aussi partie des laissés-pour-compte, ceux qui n'ont aucun espoir de s'intégrer dans la société américaine moyenne, perdu au beau milieu d'une Amérique âpre et désertique, sans limite, sans responsabilités et surtout sans but, mis à part tuer et manger.
Comme dans son 1er long-métrage, Craven s'intéresse à nouveau à la sauvagerie de l'homme, thème majeure (si ce n'est central) de son oeuvre, réutilisé à chaque fois dans des générations et des contextes différents (des "Griffes de la nuit" à "L'emprise des ténèbres" en passant par l'emblématique saga "Scream"). Qu'il soit méchant de prime abord ou au contraire "gentil" sur le point de se transformer en machine à tuer afin de rester en vie, ce sont les limites de la violence chez l'homme que Craven questionne, jusqu'où ce dernier est prêt à aller pour défendre son territoire menacé (ici en l'occurrence, les femmes et le bébé).
Plutôt que de jouer la carte de la psychologie, Craven choisit de montrer la bestialité de la violence, et surtout son absence de buts. Krull et sa famille n'ont aucun objectifs, si ce n'est tuer pour le plaisir, et manger si besoin est. "Certains hommes sont cruels car le monde est cruel", tel serait le jargon de Wes Craven dans le cadre de ce film-ci.
Violent, sauvage, hystérique et aussi tendu qu'un fil de fer, ce second film de Wes Craven arrive à se démarquer de son prédécesseur de par son audace visuelle, proposant des scènes bien plus trash que son prédécesseur ("La dernière maison...").
La nature elle-même, tout comme dans le film précédent, n'est pas épargné par ce désolant et affligeant spectacle que constitue la violence, véritable témoin muet du mal.
Une fois encore, le succès public de même que la censure seront au rendez-vous, ce qui vaudra à Craven son double statut de "réalisateur culte" et de "maître de l'horreur.