Over The Hills And Far Away.
Après avoir vu pour la première fois le fabuleux remake d'Alexandre Aja, je me devais de revoir l'original de Wes Craven.
Légère déception...
Craven réalisait à l'époque avec très peu de moyens et s'en tirait plutôt bien. Par une certaine habileté technique, par un montage ingénieux et autres subterfuges de cinéastes, il est tout de même parvenu à "contourner" ce handicap financier pour réaliser son film. Par une dextérité indéniable à la caméra, Craven semble faire de son mieux pour « faire croire » au spectateur que ce qu'il voit est réel (ce qui est là l'un des principaux objectifs de tous les professionnels du cinéma).
Il y a tout de même de gros défauts : à plusieurs reprises, on ne voit strictement rien. Les scènes qui se déroulent la nuit sont incroyablement longues, mal éclairées par une lune artificielle décidément trop faible pour prétendre appartenir à l'élite des éclairages des grosses productions, ce que ce film de Craven ne prétend pas être de toute façon. Mais il est possible de voir tout cela autrement : en effet, Craven réussit malgré cette pénombre étouffante à nous plonger dans une ambiance opressante de solitude, de peur, de tension, et, malgré la superficie spacieuse du désert il est possible de ressentir une sorte d'impression de claustrophobie, plus encore lorsque les personnages sont confinés malgré eux dans une caravane bien trop étroite pour y retrouver une forme de quiétude.
Une famille américaine de bons citoyens se fait agresser par des cannibales dans un no man's land sec et aride, un désert qu'il faut qualifier d'inhospitalier, ce qui est presque un pléonasme.
Lorsque la vengeance anime ces citadins venus bronzer trop loin au hasard des chemins poussiéreux, on se rend compte qu'ils peuvent faire preuve d'une violence animale qui dépasse celle de leur agresseurs. Surpassant leurs limites politiquement correctes et conformes à leur codes de bienséance et de vie en société, accablés par les faits, brisés, ils trouvent en eux des ressources qu'ils n'auraient jamais soupçonnées, à l'image de ce père de famille, bon petit démocrate réprouvant sans doute l'usage des armes à feux, s'acharnant sur un agresseur dans l'ultime plan du film, animé d'une bestialité inouïe, découvrant peut-être, en même temps qu'il transperce son rival, un sentiment bizarre mêlé de jouissance, de soulagement et d'horreur. A ce moment, Il est passé de son statut de victime à celui d'assaillant ; il a pu désapprouver cette violence abjecte, mais il n'a pas hésité à l'utiliser une seule seconde lorsque sa famille fut attaquée. C'est l'un des propos du film, l'une des lectures qu'il faut en tirer ; et c'est aussi ce qui le sauve, au regard de la fragilité de la réalisation.
Près de 40 ans plus tard, l'ensemble de cette œuvre phare du cinéma d'horreur-épouvante des années 1970 a très mal vieilli. Triste constat, que les richesses et le statut de film culte de cette œuvre peinent à sauver du douloureux passage du rang de grand film d'horreur à la condition désavouée de vieille croûte savoureuse du 7ème art.