Une Fois n’est pas coutume, enfin un remake d’une excellente facture. Alexandre Aja, jeune réalisateur de 28 ans ne se contente pas seulement de d’adapter paresseusement ou d’améliorer à grand renfort d’effets spéciaux. Il impose sa griffe mordante, il s’approprie l’œuvre. Il nous la livre brutale, calibrée et assumée au point de nous faire suffoquer à force d’anxiété ou d’écœurement. Traité à la manière d’un western horrifique et réaliste, ce survival joue sur la réflexion autant que sur le visuel. Face à une telle situation, tous les principes explosent. Le spectateur est en permanence mis à contribution : que ferait-il en pareille circonstance ? Se sent-il capable d’anticiper et de provoquer une cruauté plus intense que celle des agresseurs, juste par instinct de survie ? C’est là toute la profondeur du traitement. Pas de complaisance, ni de gratuité, « la colline a des yeux » se pose comme une évidence malgré son message parfaitement incorrect. Si le fond est impeccablement dominé, la forme n’est pas négligée non plus. Le montage incisif, les scènes parfois speedées, la photo granuleuse dans l’action participent à l’effervescence générale. Sentiment accentué par une bande son sagace entremêlée de réverbérations stridentes et d’une musique tantôt onirique, tantôt menaçante. Le casting, impeccable, dirigé d’une main de maître, donne à chaque personnage une consistance réelle et profonde. Bref ce film est certainement l’un des plus accomplis dans le genre depuis quelques années. Une insolente et ahurissante réussite qui laisse pantois !