Goro Miyazaki : work in progress
Première collaboration effective entre papa et le fiston dans le clan Miyazaki, la Colline aux coquelicots a le mérite de briser pas mal de codes hérités du paternel. Exit le fantastique et le merveilleux, Goro livre une hitoire ancrée dans le réel : fait rare dans les Ghibli, les événements historiques sont presque au centre de l'intrigue, entre la guerre de Corée et les J.O. de Tokyo 1964. Exit également Joe Hisaishi, et changement de style avec des musiques parfois rock'n'roll (scène du nettoyage du Quartier Latin), qui collent finalement mieux à cette histoire dans le Japon renaissant d'après-guerre. Bref, Goro s'émancipe du paternel tutélaire pour se chercher un style bien à lui : et ça, cette volonté de ne pas faire du Hayao réchauffé, on aime !
Mais voilà, s'écarter des sentiers battus de papa Miyazaki, c'est aussi se couper des ingrédients magiques qui ont fait le succès du bonhomme depuis une quarantaine d'années. Le long-métrage made in Goro y laisse quelques plumes : scénario poussif et indécis, personnages plus lisses et moins attachants que d'habitude, dialogues assez inégaux. Pour ne pas parler des scènes façon comédie musicale qui sont, heu ... inattendues ? (on va dire ça...)
Bilan, une oeuvre de débutant pour Goro, qui ne signe là que son deuxième film, aussi le spectateur est prié d'être souple sur les quelques erreurs de jeunesse dont le film est truffé. La Colline aux coquelicots n'est pas encore à la hauteur d'un Hayao, mais c'est son animation irréprochable et sa bonne mise en scène, lui valent assurément une place honnête parmi les productions de Ghibli.