Quatre ans après "All About Eve" qui contait déjà en flashback l'ascension d'une jeune femme vers les sommets du show-business, Joseph Mankiewicz poursuit sa critique acerbe de l'univers du spectacle, fort de sa propre expérience et de son éloignement progressif des grands studios.
"The Barefoot Contessa" narre la destinée d'une danseuse espagnole découverte par Hollywood, qui accepte presque contre son gré de devenir comédienne, et qui payera cher sa conquête de ce monde sans scrupule.
S'il se dit que l'actrice Linda Darnell aurait inspiré le personnage à Mankiewicz, c'est Ava Gardner qui prête ses traits et sa beauté à cette artiste authentique, qu'elle incarne avec éclat.
Outre le monde du show business, Mankewicz confronte également son héroïne à la jet set puis à la grande noblesse italienne, des milieux qui ne trouvent pas davantage grâce aux yeux du cinéaste.
On se trouve ici face à un classique des années 50, un film assez cérébral mis en scène brillamment par un intellectuel du septième art.
"The Barefoot Contessa" bénéficie en outre d'une distribution prestigieuse, à commencer par un Bogart vieillissant en avatar de Mankiewicz, celui qui sait rester loyal au milieux des requins.
Par ailleurs, le comédien Edmond O'Brien, dans la peau d'un public relation ambivalent, obtiendra l'Oscar du meilleur second rôle.
Principal bémol, cette relecture du mythe de Cendrillon comporte quelques longueurs, et risque de laisser de côté les non-cinéphiles, qui regretteront l'aspect bavard parfois présent chez Mankiewicz.