Ayant vu récemment un autre film du même réalisateur, Quartet, je ne peux que constater combien « La comtesse blanche » est une œuvre différente.

Autant Quartet, film morose par excellence, décrivait un univers « réaliste «  où la sociologie enfermait les personnages dans leurs tares, autant ici James Ivory nous propose une belle histoire, « à l’ancienne « , avec des héros et des bons sentiments.

Pour ma part, cette feuille de route me convenait parfaitement.

Par ailleurs, le décor de la Comtesse blanche, le Shanghai cosmopolite des années 30 avant l’invasion japonaise, compte beaucoup, s’imposant même comme un personnage à part entière et figurant assurément comme l’un des points forts du film. L’accent est mis sur le milieu de l’émigration des aristocrates russe mais au delà, les protagonistes sont tant des russes que des chinois, japonais, américains, anglais, juifs, ou même des français (le financement chinois expliquant peut-être d’ailleurs la négativité entourant le rôle des japonais). Cette tranche d’histoire est particulièrement riche, et d’autant plus interessante qu’elle est peu traitée dans le cinéma occidental.

Beaucoup de promesses alléchantes donc, mais qui hélas ne sont qu’à moitié tenues. Et de fait, cet attelage de reconstitution historique et de mélodrame était ambitieux mais pas complètement maîtrisé.

Le scénario, signé pourtant par l’auteur des Vestiges du jour, ne convainc pas totalement. On sent parfois les artifices de construction sur lesquels la chair n’a pas toujours pris. L’ambition du personnage principal de monter un cabaret pour prendre un seul exemple, mais primordial dans le récit, ne semble pas vraiment fondée, elle tombe subitement du ciel et s’impose vaille que vaille à notre entendement.

A côté de cela, quelques fautes de goût, dont la plus criante à mon sens est de faire parler les russes en anglais, font me semble-t-il, de ce film une œuvre sympathique et intéressante, mais pas suffisamment aboutie pour s’imposer dans nos mémoires de cinéphiles.

Feuardent
5
Écrit par

Créée

le 6 oct. 2024

Modifiée

le 6 oct. 2024

Critique lue 8 fois

Feuardent

Écrit par

Critique lue 8 fois

D'autres avis sur La Comtesse blanche

La Comtesse blanche
FrankyFockers
7

Critique de La Comtesse blanche par FrankyFockers

Dans les années 30 à Shangai, une comtesse russe déchue est obligée de travailler comme entraineuse dans un bar de nuit pour faire vivre sa famille, sa fille qu'elle aime, et ses parents et soeurs ou...

le 11 juil. 2022

2 j'aime

La Comtesse blanche
Sumo06
6

La Comtesse blanche -- Un drame, historique, romance

Mon avis--- Sur un scénario écrit par l’écrivain japonais Kazuo Ishiguro, James Ivory nous plonge dans le Shanghai des années 1936, bruyant, grouillant, carrefour de tant de destinées différentes,...

le 6 juin 2015

1 j'aime

La Comtesse blanche
Feuardent
5

Critique de La Comtesse blanche par Feuardent

Ayant vu récemment un autre film du même réalisateur, Quartet, je ne peux que constater combien « La comtesse blanche » est une œuvre différente.Autant Quartet, film morose par excellence, décrivait...

le 6 oct. 2024

Du même critique

Barry Lyndon
Feuardent
7

Barry Lyndon

Il faudrait, afin de les juger sur leurs seuls mérites, oublier tout ce qu'on a entendu sur les films qu'on se propose de voir. Vaste projet quant il s'agit de Barry Lyndon... Et pourtant, pourtant,...

le 1 janv. 2023

7 j'aime

3

Les Olympiades
Feuardent
4

Critique de Les Olympiades par Feuardent

Dans ce film, les gens de couleur jouent du piano et dissertent sur les guerres du XVIe siècle. Chez les blancs, rien ne va plus : les hommes envoient des photos de leur sexe sur tinder et couchent...

le 8 août 2023

4 j'aime

1

Lost in Translation
Feuardent
6

Eaux brouillées

J'attendais beaucoup de « Lost in translation ». Car il est clair qu'au fil des années ce film a pris de la notoriété jusqu'à se poser presque en "classique" du cinéma millénium. Mais non... d'abord...

le 16 août 2022

4 j'aime

4