La Condition de l'homme 3 - La Prière du soldat par Teklow13
Immense fresque historique qui démarre en 1942 en Manchourie du sud pour s'achever deux ans plus tard en Manchourie du nord. Fresque à grande échelle mais également et surtout à échelle humaine car on y suit le parcours d'un homme, Kaji, tout d'abord superviseur d'une mine où il devra faire face aux injustices et aux conditions de travail des ouvriers. Puis enrôlé de force dans l'armée, avant de fuir le front avec quelques soldats afin de rejoindre le sud de la Manchourie, et de retrouver sa femme.
Il y a beaucoup de choses à dire sur ce film. Film un peu intimidant, par sa durée (près de 10 heures) par son ampleur, par la richesse thématique qui s'en dégage.
A la fois pamphlet rigoureux qui remet en cause toute l'institution japonaise, l'armée. Pamphlet anti-guerre en général aussi.
A la fois exploration des méandres de l'âme humaine. Confrontation d'un humanisme à l'horreur pure. Comment un homme droit, intègre peut-il évoluer au sein d'un monde en décrépitude. Que peut-il faire, quels sont les répercussions sur sa personne et sur les gens qu'il côtoie.
C'est un film qui pose pleins de questions sans systématiquement apporter de réponses, questions humaines, existentielles, spirituelles.
Mais c'est aussi une fresque romanesque et lyrique d'un homme voulant retrouver sa femme.
Juste un petit point sur la mise en scène de Kobayashi en tout point magistrale. En constante évolution en fonction du contexte, du cadre, des paysages, et épousant à merveille la pensée de Kaji.
La dernière partie est sublime, de loin la plus réussie et bouleversante des trois. Il s'agit d'une interminable marche funèbre vers la mort, parcours d'un homme qui tente de se frayer un frayer un passage dans un brouillard de plus en plus épais. Le discours qui est quand même par moments légèrement appuyé dans les deux premières parties, laisse place à la puissance évocatrice très images. On évolue d'une jungle étouffante à des une plaine enneigée aride en passant par d'immenses champs agricoles désertiques.
C'est beau, onirique, viscéral.
Très grand film !