Nicolas Boukhrief réalise une nouvelle version du roman de Béatrix Beck, Léon Morin prêtre, qu'on a déjà connu par le film éponyme de Jean-Pierre Melville. Durant la période de la France occupée, l'arrivée d'un jeune prêtre va déchainer les convoitises des femmes qui sont restées sur place, dont l'une d'entre elles qui est non seulement communiste, mais athée. Poussée par le désir de connaitre ce bel homme barbu, les rencontres vont se faire ardentes, jusqu'à faire basculer les certitudes de la jeune femme.
Il faut savoir que le récit est un immense flash-back, où c'est une Marine Vacth vieillie qui va raconter ses souvenirs. Je n'ai plus vraiment le souvenir du film de Melville, où il y avait Jean-Paul Belmondo et Emmanuelle Riva, mais la version de Nicolas Boukhrief n'a pas à rougir de la comparaison, où toute l'action se résume en un duel psychologique sur la croyance entre Romain Duris et Marine Vacth. Cette dernière, montrée comme sûre d'elle, n'hésitant pas à gifler sa supérieure pour une remarque, et qui revient au travail comme si de rien n'était (ah bon ?), voit ses convictions vaciller, pour ce qui est purement de la rhétorique. De fait, je trouve cette actrice vraiment passionnante, qu'on devine changée peu à peu, et où les sentiments semblent se mêler, alors que son mari est prisonnier dans les camps.
Quant à Romain Duris, c'est un bon choix pour incarner le prêtre taiseux, qui semble avoir réponse à tout, mais je suis mitigé sur la barbe ; il a l'air de marmonner tellement, parlant en plus à voix basse, qu'à un moment donné, j'ai dû activer les sous-titres pour malentendants ! Ce qui ne m'arrive que très rarement, le dernier exemple étant Rodin de Jacques Doillon, mais les dialogues semblent parfois murmurés à la limite du compréhensible. C'est dommage, car on ressent entre les deux une passion ardente, mais dont la foi l'interdit pour l'un, et le fol espoir de revoir son mari pour l'autre.
Le réalisateur a eu le choix audacieux de proposer un casting à 99% féminin, dont Anne Le Ny, qui joue la patronne de Marine Vacth, dans une période où les hommes étaient réquisitionnés, et où ne restaient que des enfants ou des vieillards. Il faut souligner aussi la superbe qualité de la mise en scène, avec un travail sur la lumière qui donne l'impression que Romain Duris est Sacré.
Nicolas Boukhrief est un réalisateur intéressant dans le paysage cinématographique français, car il propose sans arrêt des projets peu conventionnels, qui font qu'il est difficile à étiqueter. Et cette Confession ne déroge pas à la règle, avec des acteurs vraiment bons, et un dialogue sur la Foi.