Œuvre singulière et jubilatoire, "La conquête" s'apparente à un remarquable travail de reconstitution, celle d'une période bien spécifique de la politique française récente, à savoir la prise du pouvoir suprême par le candidat Nicolas Sarkozy.
On suit les aléas de sa campagne présidentielle, parallèlement à la détérioration de sa relation conjugale avec Cécila, juste au moment où cet ambitieux obsessionnel est sur le point de toucher le saint Graal. Paradoxe de l'existence, l'accession au pouvoir ne passera pas par la reconquête de sa femme...
Comme je l'évoquais précédemment, le film de Xavier Durringer reconstitue avec une précision diabolique les temps forts de la campagne, la crédibilité des dialogues étant assurée par l'historien Patrick Rotman. Les auteurs s'efforcent de ne pas apparaître trop partisans, esquissant par exemple un portrait assez nuancé du champion de la droite française, sans complaisance mais sans acharnement non plus. A contrario, Dominique de Villepin sera moins chanceux...
D'autre part, Durringer parvient à instaurer une correspondance assez hallucinante entre ses comédiens et les hommes-clés de cette période : Denis Podalydès incarne Sarko avec brio, alors même que la ressemblance physique ne saute pas aux yeux ; Florence Pernel est une Cécilia plus vraie que nature, Bernard Le Coq et Samuel Labarthe campent Chirac et Villepin avec talent, et ainsi de suite jusqu'au moindre second rôle...
Alors j'entends les cinéphiles hurler que le septième art ne se situe pas dans le mimétisme et l'imitation du réel, et ils n'ont sans doute pas complètement tort (de fait, la mise en scène s'avère surtout fonctionnelle), mais personnellement je ne boude pas mon plaisir devant cette tragi-comédie du pouvoir, divertissante et bien rythmée.