En 1985, soit un an après le succès mondial des deuxièmes péripéties d'Indiana Jones, Steven Spielberg prend le risque d'adapter "La Couleur Pourpre", roman-phare d'Alice Walker et Prix Pulitzer. Alors clairement au sommet, le réalisateur, blanc et juif de surcroît, va narrer la vie dramatique d'une jeune Noire américaine du début du siècle. Composé quasi-exclusivement d'un casting afro-américain, le film fit forcément sensation et fit également couler beaucoup d'encre.


Public en grande partie choqué et film boudé par les Oscars en dépit de ses nominations, La Couleur Pourpre démontre avec une efficacité sans pareille que non seulement Spielberg peut clairement tout adapter mais également qu'il n'est pas nécessaire qu'un metteur en scène soit de la même ethnie qu'un sujet racial pour en faire un bon film. Réalisateur traitant avant tout de l'humain, l'auteur du récent E.T. livre ici une poignante histoire, traitant bien moins du racisme que du machisme et du rôle de la femme dans l'Amérique du début du siècle.


Interprétée avec justesse et parfois malice par Whoopi Goldberg, dont c'est le premier rôle à l'écran, notre jeune héroïne va être témoin durant une bonne partie de sa vie de la cruauté de l'homme, lui qui ne la jamais traité comme un être humain mais plus comme un objet. Parcours initiatique long et éprouvant, le film raconte – parfois de manière un peu poussive – comment une femme va apprendre à vivre, comment un être va se découvrir humain, comment une ombre va devenir lumière.


Certes larmoyant et tombant un peu trop souvent dans le pathos pur et dur, La Couleur Pourpre n'est pas moins un excellent drame et un long-métrage puissant, bien entendu triste mais aussi amusant par instants, le savoir-faire de Spielberg pour détendre l'atmosphère n'étant plus à prouver. Ainsi, appuyé par une interprétation plus que solide (la révélation Danny Glover mais aussi Oprah Winfrey et Margaret Avery), des décors plus vrais que natures et une mise en scène impeccable, le voyage, aussi difficile soit-il, reste une leçon de cinéma que beaucoup de réalisateurs actuels devraient penser à s'en inspirer.

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le 27 juil. 2019

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