Là, le talentueux mais aussi opportuniste Steven Spielberg délaisse ses héros d'inspiration BD ("E.T." ; "Les Aventuriers de l'Arche perdue") pour filmer adulte et imposer, lui aussi, une figure inoubliable.
C'est Célie, noire de peau et du genre oie blanche, la poignante héroïne de "La couleur pourpre".
Sur une trentaine d'années (1910-1940), bien plus que le racisme âpre des Blancs, la marginalisation systématique de la communauté noire, c'est le comportement ignoble de deux hommes de sa race que l'on voit subir Célie. D'abord son beau-père, qui lui impose très jeune le traumatisme du viol et le fardeau de la maternité. Puis, ce veuf qui convoitait sa soeur, plus jolie, et pour qui elle n'est qu'un lot de consolation ! Niée en tant que personne et femme, elle se réfugie dans les lettres débordantes de tendresse qu'elle envoie à cette soeur qu'on lui a arrachée, devenue coopérante en Afrique...
Soit un rôle de nature à transcender une actrice s'y investissant totalement et généreusement. C'est le cas de Whoopi Goldberg, parfaite inconnue alors, révélation époustouflante !
Dommage que le film, très bien mis en scène et photographié, pêche parfois par sensiblerie excessive !
De quoi, à la limite, donner envie de casser du sucre sur le dos de Spielberg, esclave par moment d'un net penchant pour le mélo sirupeux !
P.S. : Mais je préférerai toujours ça à la violence à outrance !