D'une part on a un jeu de mots avec le marché, le marché qui est présent dans le film, le marché du cul quoi on ne va pas tortiller, donc normalement le mot est "marche", puis "crème", la crème de la crème, qui normalement est crève. Donc marche ou crève, le marché ou crème. C'est pas génial franchement ? Après oui, là où je vous rejoins c'est que du coup le titre ne veut plus rien dire. Mais bon après voilà, c'est de la galéjade facile, c'est frais, c'est sur l'instant.
Je voudrais dire aussi que putain, non ce n'est pas un film qui dénonce quoique ce soit parce que là je vais m'énerver et quand je m'énerve j'ai de la fumée qui sort des oreilles et ça fait comme un train. Franchement c'est comme A Serbian Film, sous prétexte qu'on dise qu'il y a une critique sous-jacente on peut faire n'importe quoi ? Alors moi demain je tourne un porno avec deux adolescentes qui ne viennent pas du même milieu et je fais passer ça pour une critique des inégalités dans un monde intolérant ? Où va-t-on...
Chapiron livre un film qui mélange beaucoup de qualités et de défauts. Loin d'être abouti, il présente des maladresses qui semblent répétitives chez lui. La photographie est convaincante et on le sent bordé par une culture de notre temps assez impressionnante, sans cesse avec de nouvelles idées et l'envie de faire ce qui lui plait. On retrouve dans son cinéma, et dans ce film en particulier, beaucoup d'influences et c'est clairement un type qui fourmille d'idées.
Outre la scène de fin que je trouve trop appuyée et trop kitsch, La Crème de la crème se repose sur des clichés agaçants (pour mieux les combattre, on connait la chanson) et une volonté de jouer sur une évolution – rapide et toute relative, c'est là l'arnaque – des personnages qui n'ont, évidemment, pas la même mentalité que le reste de la troupe, parce qu'ils ne sont tellement pas des moutons. L'un veut s'émanciper, l'autre veut leur ressembler, l'une est spectatrice de son temps et l'autre prend conscience de sa petite flamme intérieure qui semble murmurer : détache-toi de tout ça, tu vaux mieux que ça, passe un cap. C'est bien mais ça ne suffit pas. Ca ne suffit pas à tenir tout un film. Ca laisse un arrière-goût, un arrière-goût de vide. Le film tourne dans le vide.
https://www.youtube.com/watch?v=vtNJMAyeP0s
La Crème de la crème est trop esthétique, trop artificiel et surtout trop superficiel pour ne pas me faire lever l'ancre - autrement dit je vais chercher des chips sans mettre pause, j'en ai rien à foutre. Les dialogues manquent de spontanéité et d'envergure, comme ce (petit) drame où de jeunes dégourdis se prennent les pieds dans le tapis à l'image d'un scénario vide de concept et de sens. Ce n'est pourtant pas une mauvaise aventure, car la déception est rattrapée par un casting alléchant (Jean-Baptiste Lafarge, Alice Isaaz), la nouvelle scène française comme on appelle ça dans le métier, et une mise en scène intéressante et audacieuse. Comme cet Enfer de Lolita Pille, La Crème de la crème n'arrive pas à dépasser son sujet et à le mettre en perspective. Il montre et théorise à peine, rien de plus. Il me rappelle un peu The Bling Ring de Coppola où au défilé du générique on se dit : le sujet est superficiel et, justement, le film n'arrive pas à passer au-delà de cette superficialité. Un comble, vous ne trouvez-pas ? C'est ironique. L'ironie du vieux Socrate bien sûr...
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Bon je passe de 4 à 5.