Un polar eighties très inégal, bourré de défauts, ce qui ne m'a pas empêché de passer une (assez) bonne soirée en le regardant. Il faut dire que j'ai tendance à être doublement indulgent, car d'une part j'aime bien les bouquins de Philippe Labro, et d'autre part j'ai une tendresse coupable pour le cinéma policier français des années 70-80.


Le principal souci relève de l'interprétation, et de la direction d'acteur déficiente de Labro, qui semble laisser ses comédiens en roue libre, à commencer par Claude Brasseur, qui en fait trop dans le rôle de ce commissaire dépressif et vaguement misogyne.
Ses coups d'éclat m'ont bien fait marrer (il passe son temps à tout saloper chez les autres), mais c'est d'un rire jaune car souvent ça sonne faux. Cet humour noir très présent dans les dialogues est de toute évidence l'œuvre de Jean-Patrick Manchette, co-scénariste de "La crime".
Au final, j'ai eu l'impression que Labro avait écrit le rôle pour Belmondo (avec lequel il a déjà tourné deux films), mais Brasseur n'est pas aussi à l'aise dans le registre du franc-tireur cynique et gouailleur.


D'autre part, le mannequin canadien Dayle Haddon se révèle une piètre comédienne, en plus de n'avoir aucun charme. Sans faire des étincelles, Gabrielle Lazure s'en sort mieux dans le rôle de la journaliste de bonne famille à l'anglais parfait.
Surtout, le casting est partiellement sauvé par la présence conjuguée de Robert Hirsch et plus encore Jean-Louis Trintignant, tous deux excellents dans leur partition respective de nouveau riche magouilleur et de ministre pathologiquement incorruptible.


Sur le fond, "La crime" reste très classique, avec une enquête policière sur fond de magouilles politico-financières, doublée d'une romance naissante pas très utile.
Sur la forme, il faut reconnaître à Labro sa volonté de soigner la mise en scène, avec notamment une recherche d'angles de caméra originaux, et un travail intéressant sur la musique (œuvre de Reinhardt Wagner - sa première incursion au cinéma - s'appuyant sur la 7ème symphonie de Beethoven). Ainsi, la scène de l'ascenseur est un bel exemple de suspense et de pure terreur.


Pénalisé par une interprétation douteuse et quelques lourdeurs narratives, "La crime" est donc un polar sympathique mais trop moyen, à réserver seulement aux vrais amateurs du genre, qui devraient y trouver leur compte.

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le 8 mars 2021

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Val_Cancun

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