Des années que je cherchais à voir cette première adaptation du roman de Sébastien Japrisot, honorablement adapté par Joann Sfar 45 ans plus tard. Non pas que j'en attendais des merveilles, mais celui-ci était une telle rareté que de le voir (enfin) passer à la télévision était une vraie satisfaction me concernant (bien que reportée de quelques semaines suite à la mort de Jean-Paul Belmondo!). Et... ce n'était pas si réussi. Pas mal d'aspects ont vieilli. Anatole Litvak, dont c'était le dernier film et ayant signé quelques belles réussites dans sa carrière, était soit en méforme, soit peu dans son élément tant les choix de narration, de rythme, de montage peuvent déconcerter.
Alors c'est vrai qu'il faut replacer ça dans le contexte des 70's, que ce soit la bande-originale de Michel Legrand, les couleurs, une certaine légère voire liberté de ton... Mais bon, on est chez Japrisot, et je doute vraiment qu'il s'agissait du meilleur angle pour retranscrire l'univers du monsieur. D'une intrigue très sombre, presque machiavélique dans son explication finale, le réalisateur de « Mayerling » tire une œuvre assez molle, étrangement sans grand suspense ni angoisse, se contentant trop souvent de suivre notre héroïne dans ses pérégrinations où elle-même ne semble qu'à moitié avoir conscience du danger qui guette.
Reste alors la beauté de la toujours délicieuse Samantha Eggar, le charmant parfum de l'époque, notamment bien retranscrite par les décors, les vêtements, un (petit) tour de France pas déplaisant et le plaisir de croiser quelques figures alors familières, mais c'est vrai qu'à l'image d'un dénouement pesamment démonstratif suivi d'un mini-rebondissement très peu convaincant, même si je suis content de l'avoir enfin vu, « La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil » s'apparente à une déception.