Celle Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom
Dire que l'on attendait beaucoup de cette Dame en noir tient du doux euphémisme. Grand retour de la Hammer sur le devant de la scène, c'est aussi la première adaptation sur grand écran du roman à succès de Susan Hill. Et, accessoirement, le premier film de la nouvelle carrière de Daniel "Harry Potter" Radcliffe. Pour mettre en scène cet angoissant face-à-face, un spécialiste du genre, James Watkins, scénariste de The Descent 2 et déjà réalisateur d'Eden Lake.
Dès le départ, le ton est donné, avec une petite scène d'introduction bien glauque. L'ambiance est posée, on se dirige vers une heure trente sombre. Très sombre, même. Niveau ambiance, la production a mis le paquet. Manoir lugubre, cimetière abandonné, village coupé du monde, toute l'imagerie gothique est de sortie, très bien mise en valeur par une photographie à l'aspect ténébreuse. La bande son est également très présente, accentuant l'angoisse éprouvée à grand coups de grincements, de chuchotements menaçants ou de violons stridents.
Oui mais voila, trop, c'est trop. Et, au bout d'environ une demie heure de ce traitement, on finit par complètement sortir du film, fatigué par l'accumulation de scènes à tendance anxiogène. La réalisation n'est pas en cause, chaque plan, chaque mouvement de caméra se mettant au service de l'anticipation du pire. Mais vraiment, aucune pause n'est proposée au spectateur, seules deux ou trois séquences, histoire de caser l'histoire, permettent de souffler dans cette course au frisson effrénée. Le mieux est l'ennemi du bien, dit-on...
Au centre de cette pantalonnade, Daniel Radcliffe s'en tire honorablement, mais il est encore un peu trop tôt pour dissocier son visage de celui du sorcier qui a fait sa renommée, et on en vient presque à chercher sa cicatrice sur le front. Les seconds rôles sont très en retrait, on notera pour la forme Ciaran Hinds, autre rescapé de l'aventure Harry Potter, qui sert un peu de second couteau au jeune acteur.
Un film d'angoisse efficace mais qui force trop ses effets pour tenir sur la longueur. Un beau potentiel trop mal exploité, pour un film vite oubliable à ranger dans le grenier de la Hammer.