La Dernière Chance par Gregor Samsa
Un film très honnête. Manque de souffle pendant une bonne partie du film, surement car il se contente un peu trop d'être seulement honnête, et n'accompagne pas forcément le spectateur avec lui.
C'est adapté d'un roman autobiographique et ça se sent. Ca a les défauts de ses qualités. C'est-à-dire qu'une des grandes forces du film est de se poser sur un scénario qui repousse les grandes lignes habituelles et nécessaires d'un film ; faire évoluer ses personnages dans un sens optimiste, les faire se rencontrer et que naisse entre eux une forte amitié, montrer les bons côtés des hommes, l'altruisme, l'amour, la sincérité, donner un rôle décisif aux personnages secondaires, qui doivent accompagner le héros, le compléter... Le film ne va pas dans ce sens là, et c'est très fort. Malheureusement, pendant une bonne partie du film, cette honnêteté est trop déroutante (pour moi), et l'ennuie peut faire surface tant il manque des enjeux additionnels - cinématographiques - à cette sincérité. Tous les personnages sont incroyablement bien incarnés, subtils, et joués très justement. Jeff et Stacy surtout, mais les acteurs de second plan sont tous très justes. Alors même si certains passages sont assez chiants, ils ont le mérite d'être honnêtes, sans être transcendants.
Par contre vers la fin, ça devient très bon. Le tempérament de Stacy est montré avec tellement d'honnêteté (c'est le mot clé de ma critique), la relation qu'il a avec Jeff aussi, c'est surprenant. John Huston, ce dinosaure du cinéma classique qui passe par le Nouvel Hollywood, s'est lâché en réalisant ce roman d'un boxeur déchu - sans parler de cette peinture qu'il fait de la ville métissée de Stockton.
Donc vraiment, cette fin, très simple, très dure, est aussi très subtile - à l'inverse de la fin symbolique et tragique du magnifique Champion (King Vidor, 1931) ou du très bon Nous avons gagné ce soir (Robert Wise, 1949).
Un film intéressant, honnête, qui a ses moments forts, comme ses moments faibles. Mais souvent intelligent.