Si loin, si proche

Deuxième œuvre de Julie Bertuccelli que je découvre après son bon documentaire « La Cour de Babel », et de constater que celle-ci semble aussi à l'aise dans la fiction. Certains trouveront peut-être vain ce voyage dans le passé, cet attachement aux objets et notamment ceux de l'enfance : pourtant, aussi bien dans la grande élégance visuelle du film que sa sensibilité discrète mais réelle, il y a quelque chose de très beau s'en dégageant, en disant long sur le récit d'une vie, sur ce que nous sommes et pourquoi.

Les différents personnages, tous écrits, pensés avec intelligence, n'ont pas tous besoin d'un temps important à l'écran pour exister, chacun séduisant, touchant à sa manière, au passé comme au présent, surtout lorsqu'ils ont notamment pour interprètes Catherine Deneuve à son meilleur, délicieusement secondée par sa fille Chiara Mastroianni, Alice Taglioni ou l'émouvante Laure Calamy.

Rien de démonstratif, quelques échanges suffisent pour comprendre les relations (dés)unissant les uns aux autres, le récit trouvant un équilibre judicieux entre les deux époques, se répondant habilement et éclairant au fur et à mesure la personnalité de Claire, l'occasion d'évoquer, au passage, la fin de vie, la perte de mémoire, la douleur d'être confrontée à une situations qu'on ne maîtrise plus.

On peut trouver le dénouement soudain, voire brutal, dernier plan excepté. Mais « La Dernière folie de Claire Darling » est tellement emprunt de poésie, de douceur, notamment avec ce magnifique hommage aux objets d'antan devant lesquels il est difficile de ne pas s'émerveiller, ne savant pas encore de voir si le film saura me marquer sur la durée, mais dont je suis sorti charmé, enchanté.