Mel Brooks est un cinéaste réputé dans le genre de la parodie entre les années 70 et 80. Insufflant une touche burlesque à chaque événement drolatique de ses longs-métrages, que ce soit l'assaut dans le palais du Prince Jean dans Sacré Robin des Bois qui évoque la mécanique comique visuelle du cartoon, les cachettes secrètes dans Frankenstein Junior ou les références explicites au genre dans La Folle Histoire de l'Espace, Brooks redouble d'énergie quand il s'agit de dynamiter les genres, toujours avec bonne humeur. C'est avec cette Dernière Folie que le cinéaste célèbre de la parodie se lance dans un projet plus ambitieux qu'à l'accoutumée, celui de proposer un film muet des temps modernes, mais qui ne se limite pas seulement à ce concept nostalgique...
Silent Movie nous présente une bande de joyeux lurons, à l'image de vedettes de films comiques muets, en chasse de têtes d'affiche pour le tout nouveau film de leur chef de file, un film muet, projet assez risqué en des temps où cette production est révolue.
Amoureux du burlesque, Brooks embrasse entièrement le "slapstick" afin d'offrir un hommage pétillant au film muet. De Dom DeLuise en smili-Laurel ou la trogne impayable de Marty Feldman, le long-métrage gagne des atouts majeurs en terme de comique de situation, grâce à une mise en scène qui met à disposition de façon maligne chaque gag. Mettant en scène des caricatures d'Hollywood, Mel Brooks redouble d'inventivité pour les placer dans des situations burlesques et exagérées ; en témoigne la personnification astucieuse de l'ennemi qui adopte le comportement du chien enragé lorsque sa colère prend le dessus sur sa raison.
Finement pensé dans sa verve comique, Silent Movie, en plus d'être diablement malicieux, se révèle surtout touchant quant à la sincérité de son créateur sur l'amour qu'il porte au cinéma dit "traditionnel". Ce long-métrage demeure certainement la plus aboutie des comédies de Brooks, dans la mesure où la mise en abyme plaisante sert à mettre en valeur un retour à la simplicité et à la naïveté bon enfant de la fabrication d'un film. La Dernière Folie de Mel Brooks rappelle, sous son habillage burlesque, ce que représente le Cinéma dans les coulisses : une aventure périlleuse dont l'effort vient de la volonté de chaque membre de la production, afin d'en tirer une expérience salvatrice, d'abord collective et finalement mondiale.

Max_Sand
8
Écrit par

Créée

le 1 sept. 2016

Critique lue 651 fois

11 j'aime

Max Sand

Écrit par

Critique lue 651 fois

11

D'autres avis sur La Dernière Folie de Mel Brooks

La Dernière Folie de Mel Brooks
Fatpooper
6

The Artist

C'était bien parti pour être un de mes préférés de Brooks. Malheureusement l'intrigue se révèle assez faible : les conflits sont rares, trop facilement résolus, répétitifs. L'histoire en prend un...

le 27 mars 2015

6 j'aime

La Dernière Folie de Mel Brooks
Boubakar
9

Le grand art muet.

Dans une mise en abime évidente, Mel Brooks soi-même joue Mel Funn, un réalisateur sorti de cure de désintoxication, qui se met en tête de réaliser le premier film muet depuis 1936 (Les temps...

le 20 avr. 2021

4 j'aime

La Dernière Folie de Mel Brooks
le-mad-dog
6

Le mime marceau dans le rôle de l'ours dansant !

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film." Scénario : Mel Brooks joue Mel Funn, un réalisateur qui cherche à créer un film muet avec ses deux camarades. Ils...

le 27 sept. 2016

3 j'aime

Du même critique

Hé Arnold !
Max_Sand
7

Série jeunesse très étrange mais originale...

"Hé Arnold !" est originellement une BD inventée par Craig Bartlett en 1986. Le grand public enfant, dont moi, a connu cet univers principalement par un dessin-animé financé par Nickelodeon et...

le 19 févr. 2014

18 j'aime

Le Grand Saut
Max_Sand
7

La roue tourne pour les frères Coen

La période de fin d'année, et en particulier les célébrations de Noël, ont été maintes fois représentées sur grand écran. Que ce soit les adaptations du fameux Chant de Noël (1843) écrit par Charles...

le 6 janv. 2020

15 j'aime

6

The Spectacular Spider-Man
Max_Sand
8

Une adaptation brillante et joueuse sur le modèle du classicisme et du modernisme

L'univers de Spider-Man en animation a toujours connu des fins ingrates à leur insu, puisque ces dessins-animés en masse se sont terminés trop tôt. En soi, un univers animé sur le célèbre...

le 8 mai 2014

13 j'aime

1