D'emblée on comprend que la démesure et le surréalisme insufflée par une scène d'ouverture complètement folle, enterrent définitivement le récit au détriment de l'imagerie. Une statue du Christ hélitreuillé que de belles jeunes femmes en maillot de bain aperçoivent t pendant qu'elles se font bronzer.
On ne peut pas reproché à Fellini l'abandon du schéma narratif sur lequel toute bonne œuvre bâtie ses fondations, puisque son approche délibérément détaché de toute velléités scénaristiques donne le tempo d'un champ d'exploitation altruiste élaboré sur les abstractions et les ellipses.
Marcello, matamore des cœurs brisés et des âmes en détresse, en journaliste à potin, classieux déambule avec toute sa classe désuète à travers une société italienne s’épanchant sur les fastes clinquantes des stars en goguette. Et ça dure trois heures.
Malgré son inexistence latente, la narration fantôme sert de guide à cette escapade à l’esthétisme clinquant touchant au suprême dans une mise en image éblouissante. Rarement les contrastes de noir et de blanc n'ont été aussi bien mis en valeur. Magnifiquement éclairé et mise en musique, l’œuvre prend des airs de twiste endiablé qui s'arrête subitement sur un vide existentiel sidéral, celle du superflu des soirées champagne et des robes à paillette.
Les obsessions Felliniennes, la religion, le monde du cirque, le spectacle total, sont les témoins permanents de cette déambulation endiablée dans les tréfonds clinquants et finalement superflus de la super classe romaine.
La mise en scène ne souffre que peu de cette volonté délibérée de faire abstraction du récit, pour se reposer sur l'imagerie qu'elle fait naître, et marque à jamais l'histoire du cinéma dans un florilège saisissant dont l'ennui supposé fait place au merveilleux qui finit par s'éteindre comme une flamme de bougie. Rideau!