Toujours délicat de critiquer un film considéré comme LA référence absolue du cinéma italien, LE chef-d'œuvre à avoir vu absolument sous peine de passer pour un ignare et d'être montré du doigt si vous ne l'avez pas vu, pire : si vous ne l'avez pas aimé. A ce titre, je comprends parfaitement l'adoration de certains : la photo est sublime, la musique de Nino Rota aussi inoubliable que mythique, tandis que Marcello Mastroianni livre une fois de plus une prestation grandiose. D'ailleurs, au début j'étais à 200% concerné : régal de technique, décors somptueux, sans parler de la rencontre avec Anita Ekberg amenant l'une des plus célèbres scènes de l'Histoire du cinéma : le bain de minuit dans la fontaine de Trevi.
Oui, mais voilà : mon intérêt est à partir de là devenu beaucoup plus inégal, le film se rapprochant souvent d'une dynamique de sketchs, par définition assez inégaux et parfois vraiment trop longs. Après, cela est tellement éblouissant visuellement que même les plus faibles passages gardent un minimum d'intérêt, mais on ne peut s'empêcher d'être frustré de voir après 45 premières minutes extraordinaires quelque chose de moins excitant, fascinant. Maintenant, c'est aussi le but de l'œuvre de nous faire passer par toutes les sensations : après le rêve, le désenchantement, entrecoupé de quelques minutes de pure magie avant de retomber dans les excès sans fin...
De ce point de vue, « La Dolce Vita » est réussi, mais l'ennui a trop tendance à venir pointer le bout de son nez pour que l'on apprécie toute la subtilité et l'intelligence de Federico Fellini vis-à-vis de cette peinture désabusée de la société italienne, ce que l'on appelle communément la « fin d'une époque ». Heureusement, toute la partie située dans le château (à ce titre, la conversation entre Mastroianni et Anouk Aimée à travers les murs est un immense moment) ainsi qu'une ultime scène éblouissante permettent de conclure sur une très belle note, et surtout de comprendre l'engouement qu'a pu provoquer une œuvre à laquelle je n'ai pas été totalement sensible, mais dont je garderais de nombreuses images à jamais gravées dans ma mémoire.