Ted Crawford,magnat de l'aéronautique,abat sa femme infidèle.Il est arrêté,il avoue immédiatement,l'affaire semble claire et facile pour Willy Beachum,jeune procureur ambitieux en pleine ascension.Sauf que Crawford est un vicelard de première qui,contre toute attente,se rétracte et plaide non coupable.Willy,arrogant et négligent,pense ne faire qu'une bouchée de l'accusé,mais il va vite déchanter."La faille" est l'avant-dernière oeuvre ciné de Gregory Hoblit,qui s'est depuis 2008 tourné vers la télé.Il a aujourd'hui 80 ans et ne fera sans doute plus rien pour le grand écran.C'est un réalisateur qui,bien que travaillant dans le système mainstream,parvient toujours à donner une dimension supérieure à ses films,notamment dans le domaine du thriller.C'est le cas ici avec cette production Castle Rock,qui bénéficie d'un scénario bien tordu signé Daniel Pyne et Glenn Gers,et d'une musique des frères Jeff et Mychael Danna qui entretient parfaitement la tension initiée par la mise en scène au cordeau de Hoblit.On sait dès le départ que Ted est coupable,l'intérêt réside dans la lutte de plus en plus féroce entre cet assassin manipulateur de génie et ce proc imbu de lui-même plongé en plein cauchemar.Les arcanes de la Justice américaine sont explorées et l'exploitation de ses failles mise en évidence.Les adversaires se rendent coup pour coup et ce petit jeu est assez jouissif,d'autant que Crawford a éternellement un métro d'avance sur cet abruti prétentieux qu'est Beachum.Evidemment la mécanique de l'histoire s'affranchit volontiers de la logique,mais les échanges sont si savoureux qu'on n'y prend pas vraiment garde.On peut se demander par exemple pourquoi le tueur élimine son épouse de manière si ostentatoire et incriminante pour lui.Il y avait bien des moyens de s'en débarrasser ailleurs qu'au domicile conjugal et de façon plus discrète.De la même manière,les provocations de Ted,qui ne veut pas seulement battre ses adversaires mais plutôt les écraser,sont inutiles,contre-productives et finiront par causer sa perte,ce qui ne laisse pas d'étonner venant d'un type si intelligent.Il est d'ailleurs dommage que le final sacrifie à la fin morale qu'on attendait et redoutait,car il eût été plus satisfaisant et plus raccord avec l'ambiance noire et cynique du film que le coupable s'en tire.Tous les personnages ont de la surface et sont très bien décrits.Ils sont de plus excellemment interprétés par un brillant casting.Anthony Hopkins fait un show phénoménal en mari cocu revanchard et machiavélique,un rôle qui lui sied comme un gant.En procureur tête à claques qui perd pied,Ryan Gosling est détestable à souhait et on s'amuse à le voir essuyer des revers cinglants et humiliants tout au long du film.Les seconds rôles sont tenus par des pointures comme David Strathairn,impeccable en patron de Beachum rigide mais sympa,Rosamund Pike,d'un sex-appeal affolant en nouvelle collègue et petite amie du procureur,un Billy Burke hypertendu et en permanence prêt à exploser en flic-amant désespéré,un Cliff Curtis solide en policier placide et Embeth Davidtz,rapidement évacuée en épouse adultère.Il y a aussi Bob Gunton et Zoe Kazan dans de moindres apparitions.Note et critique de film de Gregory Hoblit publiées précédemment:"Mission évasion"-5.Moyenne:6.