Ne connaissant rien de la série d'origine et n'ayant pas découvert ce film à sa sortie comme tous les gosses de ma génération, je n'imaginais pas que cet univers pourrait me happer à ce point. OK, La Famille Addams n'a pas l'envergure d'un chef-d'oeuvre, loin de là, mais dans son genre il fait preuve d'une belle efficacité, évite les excès de niaiserie que même Tim Burton n'a pu s'interdire (hein, la fin de Beetlejuice, oui on parle de toi), et donne même envie de se ruer sur la suite.
S'il y a bien une chose que je peux reprocher au scénario, ce sont ses petites faiblesses dans le traitement des personnages : non seulement il part du principe que tout le monde les connait (difficile de lui en tenir rigueur, c'est moi l'inculte), mais surtout il n'exploite pas assez le potentiel de toute la famille, cantonnant par exemple les gosses et la grand-mère dans des rôles subalternes, pas franchement essentiels à la progression de l'intrigue.
Sans gravité certes, mais légèrement frustrant car le casting se paie des trognes impayables, si bien qu'on imagine difficilement meilleurs choix d'acteurs pour incarner cette famille de doux tarés. (Feu) Julia, Lloyd, Huston, Ricci, Workman, Struycken et consorts n'ont d'ailleurs pas seulement la gueule de l'emploi, ils ont aussi assimilé à la perfection l'esprit et l'humour gentiment macabre de l'entreprise.
Le charme opère également dans le souci du détail, dans le soin apporté à tous les niveaux de la réalisation, de la mise en scène virevoltante aux somptueux costumes en passant par les compositions délicieusement baroques de Danny Elf... ah non, tiens, de Marc Shaiman. Tout contribue à immerger le spectateur dans un divertissement léger mais pas crétin, familial mais surtout pas mièvre, pas toujours ultra drôle mais férocement sympathique.
Et je n'ai même pas envie de sortir une méchanceté sur le machin musical de MC Hammer, un étron sans nom venant clore de la pire des façons une oeuvre qui méritait bien mieux. Oups. Merde, elle est contagieuse cette famille.