Des choses gentilles à dire sur ce film :
Celui qui se hasarderait à essayer de trouver sept différences entre La famille Addams, film de 1991, et les dessins de Charles Addams, parus dès la fin des années 1930 dans The new yorker, serait bien embêté... Des différences notables, il y en a bien plus, à commencer par des changements au niveau du physique parfois et de la caractérisation des personnages.
Est-ce un blasphème ? Absolument pas. Caroline Thompson au scénario et Barry Sonnenfield, dont c’est la première réalisation après une bonne petite carrière de directeur photo, ont fourni un vrai travail d’adaptation en prenant en compte le changement de support, le changement d’époque (les adaptations télé avaient déjà constitué quelques paliers) mais en gardant la dynamique de la famille. Son essence. Dans la famille Addams, on s’aime les uns les autres à notre façon et c’est tout ce qui compte. Quant au regard des autres, balek.
Cet esprit apparaît presque naturellement dans le film, il n’y a ni morale sentencieuse, ni chanson calibrée pour te dire qu’être toi-même c’est génial. Rien n’est forcé en termes de narration, pour mieux coller d’ailleurs à l’identité de la famille. Ils sont comme ça. D’ailleurs, le côté pince sans rire des personnages (et leurs piques potentielles et involontaires), n’est jamais blessant, il ne s’inscrit jamais dans une relation de domination et de supériorité. De la même manière, il n’y a rien de subi dans les relations, les hobbies de Gomez (Raúl Juliá) ne font jamais souffrir Morticia (Anjelica Huston) (sauf à parler plaisirs de la chair), la manière dont Morticia prend les choses en main ne se fait jamais au détriment de Gomez, et les jeux d’enfants traduisent la même chose. Pugsley (Jimmy Workman) ne passe pas sur la chaise électrique par sadisme de la part de Mercredi (Christina Ricci) mais bien parce que c’est quelque chose qui l’amuse. Ils sont juste comme ça.
Si, comme son nom l’indique, la cellule familiale est fondamentale dans la famille Addams, elle ne reflète jamais pour autant les idées de la société conservatrice qui peut lui être attachée. Morticia assume le rôle de cheffe de famille. Posée, et plus perspicace que son mari, c’est aussi elle qui prend les choses en main lorsque la famille est évincée du manoir tandis que Gomez, déprimé, a pris l’habitude de suivre un talk show (super passage). Gomez quant à lui est un oisif dans une société qui n’arrive plus à concevoir l’existence sans l’utilité et la productivité.
Mieux, le format famille souligne l’hypocrisie des tenants du conservatisme qui placent la famille au centre des valeurs mais ne privilégieront que le critère de la réussite sociale dès lors qu’il s’agira d’exemplarité. Si le désarroi de l’institutrice de Mercredi, tandis qu’elle en fait part à Morticia, semble venir de l’apparence du dessin de la petite fille, l’autre possibilité demeure qu’une anonyme brûlée par des fanatiques soit moins exemplaire qu’un authentique salopard comme Bush senior dont la photo constitue le modèle d’un autre enfant, mis en avant un peu plus tôt.
Après le film n’est pas exempt de défauts, le rythme y est un peu inégal, on y enfonce quelques portes ouvertes, et on se retrouve avec MC Hammer en générique de fin... mais son p’tit cœur qui bat, son casting, le soin qui lui a été apporté d’un point de vue formel (les décors sont bien travaillés et réservent parfois des clins d’œil amusants à l’œuvre originale à l’image de la pieuvre qui orne le lit de Mercredi inscrit La famille Addams de Sonnenfield dans la catégorie des films plutôt attachants.
Voir les 21 ingrédients du bingo des clichés de ce film
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Personnage > Agissement
Fait un clin d’œil de connivence lourdement appuyé - Passe à travers une vitre | pour surprendre ou faire une entrée en scène stylée
Personnage > Héros ou héroïne
Super pouvoir | Surpris·e, pointe son arme par réflexe sur la personne qui l’a réveillé·e
Personnage secondaire
Chorale de Noël qui fait du porte à porte devant les maisons
Réalisation
Habillage | Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. - Habillage | Placement de produits - Technique | Faux raccord impardonnable - Technique | Pluie artificielle artificielle
Réalisation > Accessoire et compagnie
Stylé | Valise pleine de billets
Réalisation > Audio
Bruit générique | Verre cassé - Musique | Rap
Réalisation > Surprise !
Faux suspense !
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Calembour - Crissement de pneus + accident de la route hors champ (gag) - Est éclaboussé·e par un fluide - Nourriture trop épicée - Pile poil | Ballon qui aterrit en plein sur la table du p’tit jéj’
Scénario > Contexte spatio-temporel
Motel (miteux) - Vente aux enchères
Scénario > Élément
Langage morse - Stylé | Variante de la légende de Guillaume Tell
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Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais