Et bien il faut dire qu’il revient de loin ce film à la distribution et l’histoire alléchante. Tourné en 2018, il porte tous les stigmates du projet maudit : rachat de la Fox par Disney qui reporte sa sortie, projections tests catastrophiques qui obligent à retourner des scènes, producteurs dans la tourmente pour scandale sexuel, crise sanitaire qui reporte encore la sortie et finalement rachat par Netflix. La plate-forme a d’ailleurs célébré le huis-clos dans sa programmation de nouveautés de la semaine après l’excellent « Oxygène ». Dans tous les cas « La femme à la fenêtre » ne ressort pas grandi de sa difficile gestation et s’avère être un thriller plutôt raté dans les grandes lignes et surtout terriblement décevant et frustrant. Hommage raté et évident à tout un pan de la filmographie hitchcockienne, « Fenêtre sur cour » en premier lieu évidemment, ce suspense ne fait que valider la grandeur passée des films du maître tant il ne lui arrive pas à la cheville. On pense aussi beaucoup au très bon « Copycat » avec Sigourney Weaver au pitch très similaire mais à l’exécution bien plus prenante et stimulante. Pourtant, toutes les étoiles étaient alignées pour un bon petit thriller domestique dans la même lignée que « La fille du train » ou surtout de l’immense « Gone Girl ». Mais on en est loin, très loin. On ne saura jamais si le montage original faisait plus honneur ou pas mais celui qu’on nous propose pêche par bien trop de défauts et pas assez de qualités pour convaincre pleinement. Cela reste regardable mais vraiment pas exceptionnel.
D’abord la mise en bouche est fastidieuse, tentant de nous plonger dans l’espace clos de cet immense appartement new-yorkais. La présentation des personnages et des enjeux est plutôt maladroite. Les scènes s’enchaînent parfois lentement, parfois trop vite, donnant une drôle de cadence à « La femme à la fenêtre ». Ensuite, le casting quatre étoiles est tellement sous-employé que l’on se demande si tous les seconds rôles de luxe n’ont pas été gardés au montage pour dire de faire vendre sur l’affiche. La palme à Julianne Moore et Anthony Macky qui n’ont qu’une scène. Mais surtout à la pauvre Jennifer Jason Leigh (une seule phrase dans tout le film, un comble). Du jamais vu! Heureusement Amy Adams porte le film sur ses épaules, mais pour tous ces autres grands acteurs dont fait également partie Gary Oldman, on se demande bien ce qu’ils sont venus faire là et quelle était leur réelle place au sein de l’histoire. La mise en scène tente quelques idées originales mais saugrenues au regard du reste et le final tranche complétement. Visuellement composé de superbes plans, il est malheureusement au service d’un dénouement grandguignolesque et surtout grotesque et tiré par les cheveux. Certes, les rebondissements sont étonnants mais vraiment mal amenés et il manque de tension. On est donc devant un drôle d’objet malade dont on se demande s’il était maudit ou si c’est son parcours compliqué qui l’ont amené à un tel résultat. Un cas d’école curieux qu’on pourrait étudier dans une école de cinéma. Mais pour le thriller stressant et mystérieux, on repassera.
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