Alors qu'il se rend dans l'un de ses clubs, Richard, un professeur renommé, tombe sur un tableau représentant une femme dont il va très vite tomber sous le charme et être fasciné... jusqu'à ce qu'il rencontre, par hasard, celle servant de modèle...
Adaptant le roman Once Off Guard de J.H. Wallis, Fritz Lang, pour son neuvième film américain, met en scène un archétype du film noir où un homme va se retrouver dans une situation délicate et voir l'étau peu à peu se resserrer autour de lui, et entraîner dans sa chute ceux qui l'accompagnent. Dès les premières secondes il rentre dans le vif du sujet, mettant assez vite l'histoire en place, présentant les personnages puis la rencontre entre Richard et le modèle du tableau.
La Femme au portrait est d'abord un bijou d'écriture, tant dans l'histoire, son déroulement, les dialogues mais surtout les personnages. Il dresse de fascinants portraits psychologiques et analyse l'humain face au danger et la peur, il met peu à peu ses personnages dans le doute et face à des situations de plus en plus compliquées. Lang signe une brillante mise en scène qui se hisse à la hauteur de l'écriture, il met en place une atmosphère sombre où, comme dans tout bon film noir qui se respecte, on navigue entre vapeurs d'alcool, fumées de cigarettes ou encore femmes fatales et il retranscrit très bien toute la noirceur et l’ambiguïté des personnages et enjeux.
Sachant prendre son temps lorsqu'il le faut et accélérer le rythme dans les moments adéquats, Lang nous plonge au cœur d'un récit tendu qu'il orchestre avec brio et grand talent, sachant mettre en place une forte tension, tout en y maintenant tout le long du suspense jusqu'à un final particulièrement réussi. La Femme au portrait bénéficie aussi d'une belle photographie en noir et blanc ainsi qu'une brillante direction d'acteur. Edward G. Robinson retranscrit de belle manière toutes les facettes de son personnages tandis que face à lui, Lang met superbement en valeur Joan Bennett, aussi fascinante et belle que la Laura de Preminger.
Un bijou d'écriture que Lang ne manque de sublimer en livrant un modèle de films noirs, retranscrivant toute la noirceur et la peur de ses personnages et enjeux, tout en en y incluant tension et intensité.