L'exubérante dépressive
Si les références formelles à Dolan et plus encore à la Nouvelle Vague sont évidentes, ce n'est pas pour autant que le premier long-métrage de Monia Chokri, La femme de mon frère, n'a pas de...
le 26 juin 2019
13 j'aime
C'est assez rare pour que je le signale, mais ce qui m'a attiré vers ce film c'était l'affiche. Elle faisait un peu rétro, on aurait dit une affiche pour un film de Rohmer et j'ai donc été intrigué. Alors si le film a un aspect Nouvelle Vague ça se rapprocherait plus d'une comédie de Godard façon Une Femme est une femme qu'à un Rohmer, mais ça a un délicieux goût de liberté.
En fait Monia Chokri se permet toutes les excentricités avec sa caméra, elle abuse du jump cut, d'angles de vue assez improbables pour mettre en scène ses dialogues ciselés. Et c'est ça que j'ai aimé en regardant le film, avant même les thèmes explorés que je trouve tout à fait sympathique. Il y a une certaine liberté formelle, un rythme des plus soutenu qui peuvent soit perdre le spectateur, soit l'emporter dans cette comédie douce amère.
Puis, il faut dire que ça dit des choses de ce que c'est que d'être adulte et je trouve ça bien représenté avec cet amour fraternel que peuvent avoir les deux personnages principaux. Parce qu'entre ce frère et cette soeur va s’immiscer une belle gynécologue et donc les choses ne seront et ne pourront plus être comme avant.
J'aime comment la complicité se déplace progressivement de la sœur vers la copine, comment le frère cynique va devenir petit à petit un bon petit père modèle. Il se crée ainsi une empathie envers l'héroïne qui voit sa vie changer, sa relation (qui était, on ne va pas se le cacher, une relation de couple) avec son frère changer et se dégrader... Elle qui était encore dans un cocon protégé, elle finissait sa thèse, vivait chez son frère, va subitement devoir devenir adulte, rembourser son prêt étudiant et lâcher un peu du lest quant à sa relation avec son frangin.
Et tout ça, avec des dialogues des plus réjouissants, dans ses séquences franchement bien trouvées, ça donne un film des plus appréciables, si on passe outre le côté m'as tu vu de la mise en scène. J'ai ri de bon cœur à plusieurs reprises, tout est fait pour placer l'héroïne dans des situations gênantes, où son cynisme ne la protège plus, elle se retrouve totalement perdue dans ce monde nouveau (et qu'elle trouve hostile).
Franchement c'est réjouissant, si comme moi l'humour composé quasi uniquement de remarques acerbes et blessantes vous parle tout particulièrement.
Créée
le 31 déc. 2020
Critique lue 1.2K fois
4 j'aime
6 commentaires
D'autres avis sur La Femme de mon frère
Si les références formelles à Dolan et plus encore à la Nouvelle Vague sont évidentes, ce n'est pas pour autant que le premier long-métrage de Monia Chokri, La femme de mon frère, n'a pas de...
le 26 juin 2019
13 j'aime
Monia Chokri est une actrice québécoise reconnue, notamment pour être une fidèle du jeune prodige Xavier Dolan. Elle passe pour la première fois derrière la caméra et nous livre son premier film, «...
Par
le 11 juin 2019
13 j'aime
Oui, le film de citadin trentenaire dépressif est un genre cinématographique à part entière, qui se décline ici à Montréal. Et, oui, je reconnais bien volontiers ne pas être un inconditionnel du...
Par
le 7 juil. 2019
10 j'aime
3
Du même critique
Je ne comprends pas Disney... Quel est le projet ? Je veux dire, ils commencent avec un épisode VII dénué de tout intérêt, où on a enlevé toute la politique (parce qu'il ne faudrait surtout pas que...
Par
le 21 déc. 2019
497 j'aime
48
Souvenez-vous Bruce nous avait cassé les couilles dans sa vidéo de présentation de son "livre", blabla si tu télécharges, comment je vis ? et autre pleurnicheries visant à te faire acheter son...
Par
le 29 nov. 2015
306 j'aime
146
Voici l'autre grand livre « féministe » de la rentrée avec Moi les hommes je les déteste et tous les deux sont très mauvais. Celui la n'a même pas l'avantage d'être court, ça fait plus de 200 pages...
Par
le 4 oct. 2020
247 j'aime
62