Un geste fou, irraisonnable, égoïstement passionné marque le spectateur, le hante, l’habite effroyablement après le visionnage de La femme de Seisaku.
Difficile en effet de sortir indemne de cette impulsion inattendue. Or, résumer le film à cela serait incomplet. Certes, une charge dramatique le traverse de bout en bout, au fil des désillusions, des souffrances, des morts qui jalonnent la vie de Okane, femme damnée, condamnée au déshonneur - la pire punition pour un Japonais - et dont on suit l’itinéraire tragique du début à la fin du film. Néanmoins, la peinture sociale d’un Japon pauvre, rural occupe une place importante plus importante dans l’écriture du film : au rythme des travaux de la terre dont une cloche marque le prompt début matinal, brimades gratuites et cruelles, commérages constants dégoulinant de fiel, commentaires salaces et invasifs, insultes, condamnation sans appel du peuple, code d’honneur liberticide empoisonnent le quotidien d’Okane.
La rencontre avec Seisaku, homme d’honneur, respecté, écouté et admiré par ses pairs lui ouvrira les portes du dehors – elle qui s’emmurait pour éviter la société qui ne l’acceptait pas et aux travaux desquels elle ne daignait participer. Leur union improbable, quoique cousue de fil blanc, donnera lieu à de très belles images, pudiques et sensuelles, des corps amoureusement enlacés - îlot de bonheur fragile et de plaisir profond.
7,5/10