Marie-Castille Mention-Schaar continue avec une régularité de métronome à enchaîner mauvais et bons films. « La Fête des mères » fait clairement partie de la seconde catégorie. Son film choral a certainement dû être inspiré par le « Joyeuse Fête des mères » américain qui réunissait un nombre impressionnant de stars américaines pour célébrer ce jour universel à travers une mosaïque de personnages qui se croisaient par le biais de cette thématique. Ce film plutôt sympathique versait davantage vers l’humour et dégoulinait de bons sentiments un peu fleur bleue. Ici la cinéaste préfère clairement un certain réalisme empreint de mélancolie doublé d’une pudeur dans l’émotion avec quelques notes d’humour discrètes. Et si elle parvient à aligner un beau casting, ce sont moins des stars que de bons acteurs habitués aux seconds rôles qui s’affichent ici et c’est tant mieux.
On pourra peut-être reprocher à l’histoire d’aligner un peu trop de personnages sur une heure et demie ce qui empêche forcément d’en creuser certaines qui attirent plus notre attention. Le traitement des protagonistes n’est pas forcément égal, certains parcours nous passionnent plus que d’autres et les histoires semblent parfois se croiser de manière un peu trop accessoire voire forcée, mais c’est un peu le jeu dans ce type de films chorals. Il n’empêche, si le début du film rame un peu le temps de bien rentrer dans ce mille-feuilles sur les mamans et la maternité en général, plus le film avance et plus on est conquis. Le sujet est traité sous toutes les coutures entre la mère absente, la mère aimante, le fils omniprésent ou encore la maternité homoparentale, et si on peut avoir l’impression parfois que c’est survolé et que ce n’est pas un catalogue exhaustif du rapport mère-enfants, tout cela est traité d’une jolie façon. On a même droit à l’historique de cette fête grâce à l’un des personnages dans un exposé instructif et bien intégré à l’histoire.
Et ce qu’on apprécie également de manière plus surprenante c’est la mise en scène très soignée de Mention-Schaar. Elle aurait pu délaisser la forme et nous proposer un film qui ne s’intéresse qu’à ses personnages. Mais non, les images sont belles, la caméra est au plus près des émotions des protagonistes et les beaux plans s’enchainent de manière étonnante. La cinéaste développe un vrai style avec une photographie dans les gris/bleu, une caméra qui virevolte autour des personnages et une utilisation du flou et du travelling totalement appropriée. Un niveau d’excellence qu’on n’attendait pas dans un film comme celui-ci. Et puis il y a quelques magnifiques scènes, notamment avec le personnage de Laurence Côte. Le plus beau de tous et peut-être le plus mis en avant. On ne peut tous les citer mais le scénario propose un ensemble de personnages forts et beaux. Même d’autres moins mis en avant comme cette prostituée asiatique parviennent à nous cueillir. Et le très beau final, poétique et aérien, finit de nous convaincre que « La Fête des mères » était le film qu’il fallait pour célébrer chez nous nos mamans entre émotion et sincérité. Comme une synthèse illustrée du bonheur d’être maman.
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