Ah, un petit film consensuel comme on les aime. Ça parle des mamans, comme elles sont fortes, belles et que c'est pas facile d'être une maman. Alors, il y a des riches, des moins riches, des baisables et des moins baisables, des blanches et ...des blanches. Une pute aussi, mais jaune cette fois-ci. Faut pas charrier.
Après ce concentré d'échantillon de la société française blanche, on arrive au cœur du sujet. Les mamans et leurs relations avec leurs progénitures. Ou la difficulté d'affronter la maternité surtout quand on est une femme intégrée dans le monde, dans un emploi, dans une routine ou qu'on se tape l'un de ces élèves pour l'une d'entre elles. Elles sont (blanches) de tous les métiers, Présidente, fleuriste, prof, journaliste et donc prostituée. C'est pour ces femmes mûres le moment d'affronter les relations compliquées avec leurs enfants et leurs propres mères : les rancunes, les erreurs et les peurs aussi. Peur de ne pas être assez ou d'être trop. Deux arcs principaux : trois sœurs en conflit avec leur mère et enfin l'arc d'A.Fleurot, Présidente de la République de son état (en question-réponse à la fin de l'avant première, la réal nous confiait qu'elle voulait cette dernière métis mais blanche, elle sera).
Pour être tout à fait clair, le film est niais, long et bien trop bien-pensant sur les bords. Mais l'arc narratif autour du personnage d'Audrey Fleurot sauve le film du marasme. On en regretterait presque que le film ne se concentre que sur elle et les épreuves qu'elle a dû affronter en tant que femme pour arriver à ce poste, pour diriger ce pays et surtout pour devenir mère pendant le quinquennat (pas prévu au programme). Les critiques qui fusent comme attendues sur sa déconcentration ou sur l'impossibilité imaginée de ne pas pouvoir concilier les deux rôles : mère et Présidente. Fleurot est impeccable, blanche, tout à fait posée dans son rôle et assume avec justesse le rôle d'une chef d'Etat bouleversée par la peur d'être une mauvaise mère. Alors entre négocier avec le Kremlin et changer une couche tout en engueulant un patron qui vire des salariés juste pour ce dégager des marges plus importantes, il y aurait de la bonne matière pour un film qui soit vraiment intéressant.
Au lieu de quoi, on regarde pantois une fresque vomissant de bons sentiments et de clichés (pour la plupart assez odieux. Exemple ? L'homo de service ? Fleuriste. Dorloté par sa mère. C'est d'elle dont il tire sa sensualité et sa grâce). Bref, c'est une non prise de risque absolue et d'une platitude navrante. Les personnages ne sont pas construits, c'est assez plat et je ne parle même pas de la morale. Vous ne savez pas de quoi faire de votre mère un peu maboule ? Casez-là dans une maison de retraite et on en parle plus. Mais offrez-vous une bonne conscience de bobo-parisienne blanche privilégiée et offrez-vous un petit enfant noir, c'est tendance. Il paraît même que le virus Ebola est fournit en cadeau.
Alors pourquoi diable j'insiste sur les "blanche(s)" ? Parce que pendant la série de question-réponse déjà mentionnée, un de mes voisins a eu l'audace de faire remarquer à cette réalisatrice plus que gaucho-consensuelle sur les bords (mais ayant le courage de porter un T-shirt "Fuck Trump", ça ne s'invente pas) qu'il n'y avait pas de personnage de couleur et que ça nuisait au film selon lui. De 1) c'est sympa pour la prostituée et de 2) concours navrant de deux gauchistes qui tentent de savoir qui pisse le plus à gauche. Effrayant !