Citation de Paul Toupin qui est dans le sens de cette critique, sarcastique.
Ce film était devenu un peu un running gag à force. J'étais censé le voir le mercredi de sa sortie mais finalement j'ai pas pu et mes autres tentatives n'étaient guère plus concluantes. Mais après une lutte acharnée j'ai enfin pu le voir. Et à la question "était-ce un bon film?" je vous répondrai "évidemment, mais plus encore".
Et pourtant, on peut avoir du mal à appréhender La Fille au bracelet car le film ne va pas hésiter à nous embarquer dans un univers dont on ne sait rien, et dont on nous oblige à découvrir ses bases et ses protagonistes en même temps que l'intrigue se poursuit. Et c'est pourtant là que réside une des plus grandes qualités. On ne sait rien et on ne sait pas quoi penser sur le rôle de Lise dans cette affaire, on n'est que spectateur d'une affaire qui a détruit une jeune femme et plus généralement une famille depuis 2 ans déjà.
La narration n'est pas en reste avec un bon rythme et 3 types de scènes qui s'enchaînent:
-Les phases de procès, qui servent avant tout de révélateur de l'intrigue
-Les phases à la maison qui sont utilisées avant tout pour développer les personnages
-Les scènes en voiture, qui n'ont pour ainsi dire que le but de révéler la situation familiale dramatique qu'à créer cette arrestation.
Tous ces moments entremêlés pour non seulement permettre aux personnages de réagir aux informations reçues lors du procès mais aussi empêcher un procès d'une heure qui pour le coup aurait été lourd peu précis donc peu efficace mais surtout inutile au vu de la fragilité des bases de l'intrigue.
Décors, lumières et réalisation basiques dans l'ensemble. On retiendra cependant quelques chouettes transitions et une maîtrise irréprochable pour ce qui est de filmer une scène d'audience. Le spectateur pourra aussi valider le génie des scènes d'intro et d'outro, qui le marqueront et prouveront que le film a su se maintenir à une certaine qualité tout le long de la séance.
Il serait idiot de ne pas parler de ses personnages qui sont excellents dans l'ensemble. Lise incarnée d'une main de maître par Melissa Guers, va, grâce à son écriture et son interprétation, réussir à nous faire douter de son innocence tout le long du procès. Roschdy Zem et Chiara Mastroianni sont de parfaits parents dépassés par les événements et les relations de leur fille. Anaïs Demoustier réussit à merveille son rôle d'avocat infernale et détestable qui veut à tout prix incarcérer Lise. Et c'est sans parler du gamin qui trahit par son innocence, la déconnexion totale avec les enjeux, vannant presque sa sœur au sujet de son arrestation (ou alors c'est qu'un p'tit con)
Mais le plus important, c'est qu'à aucun moment on ne nous apporte une réelle preuve de la culpabilité ou non de Lise
On va même relancer le débat sur la liberté sexuelle et sa décomplexification depuis le début du XXIe, car, même si acquise depuis au moins une bonne décennie, on sent le public mal à l'aise devant cette fille facile, un poil lesbienne sur les bord et un peu trop libre selon eux. Le malaise atteint son paroxysme avec ce détail mentionné comme un défaut dans la conclusion de ce procès.
Bref La fille au bracelet, un grand film français de 2020 que je recommande chaudement.