Avec l’intime conviction comme boussole, c’est au bénéfice du doute qu’échappe la vérité. Juger dans les eaux troubles de l'adolescence. « Mon ambition principale était d’évoquer la famille et en premier lieu l’incompréhension de ces parents face à leur fille, devenue une énigme. Je voulais en quelque sorte que l’enjeu intime supplante l’enjeu judiciaire, même si ce dernier est traité de façon extrêmement précise. » écrit Demoustier.
Au-delà du récit de cette affaire judiciaire, le film pose la question de ce fossé d’incommunicabilité qui peut s’installer entre parents (aussi protecteurs et solides soient- ils) et leurs adolescents. Coupable ou innocente (le doute va subsister tout du long ), la question est de découvrir qui est vraiment leur fille pour ses parents. Ce film est donc un regard posé sur l’adolescence dans sa dimension d’inaccessible, d’énigmatique. Il soulève des questions propres à la jeunesse d’aujourd’hui, de son rapport à la sexualité, au désir, à ces nouvelles libertés à conquérir face à la morale sociale. C’est un récit sous tension dans le prétoire, fait d’alternance entre les audiences (au rendu très clinique) et des scènes de vie familiales, avec des moments de vérité poignants : nous sommes pris à témoins comme le jury, avec le risque de juger. Les points de vue se succèdent et la vérité se fait fuyante. cela a à voir avec l’intimité nécessaire , qui se construit comme un espace intérieur mettant en jeu le registre du secret vis-à-vis d’autrui mais aussi de soi-même, c’est-à-dire une différenciation indispensable à l’estime de soi et au respect de l’autre. Mais ce qui est frappant ici, c’est la manière dont ces parents là découvrent une autre personne derrière l’image de la fille qu’ils pensent avoir ; cette fille devient soudain comme une étrangère à leurs yeux.