Cynthia (Lina Romay), une jeune stripteaseuse, est appelée auprès d’un couple, Alpha (Evelyne Scott) et Andros (Raymond Hardy), couple venu d’une « autre dimension ». Ils se servent du corps de Cynthia pour assassiner leurs ennemis en l’enduisant d’une substance mortelle et brillante (d’où le titre du film), qui leur permet de la contrôler à distance et tue ses partenaires sexuels.
Shining Sex est un film produit par la compagnie Eurociné associée à la compagnie belge Brux International Pictures. Comme d’habitude avec Eurociné, Franco dispose d’un budget déjà bien maigre pour tourner un film, mais va se débrouiller pour en tourner deux avec les mêmes techniciens, les mêmes acteurs, et dans les mêmes lieux. Il livre donc une comédie érotique Midnight Party, et cette bizarrerie érotico-poétique qu’est Shining Sex. Si la situation de départ est la même dans les deux films, une strip-teaseuse est enlevée par des inconnus, Shining Sex évolue assez rapidement vers une œuvre de science-fiction complètement déjantée.
Si l’on excepte le fait qu’il a été tourné en cinémascope et dispose d’une bande-son soignée agrémentée de sons étranges et bruitistes qui est assez réussie, le film souffre de son budget misérable qui fait que la plupart des séquences d’intérieur sont tournées dans des chambres d’hôtel.
Pour ce qui est du scénario, franchement farfelu et indigent, il est bien évident que Franco s’en soucie fort peu et que le spectateur n’y comprend pas grand-chose. Le film témoigne surtout de la passion naissante entre Franco et son actrice principale, Lina Romay, alors encore mariée à Raymond Hardy qui interprète Morpho dans le film, et qui deviendra bientôt la compagne et la muse du réalisateur jusqu’à la fin de sa vie. La complicité entre Franco, chantre du voyeurisme cinématographique, et Lina Romay, actrice exhibitionniste jusqu’à l’excès, est évidente dans le film qui contient de très longues séquences érotiques à la limite de la pornographie : Franco y filme très amoureusement son actrice et n’hésite jamais à s’attarder longuement sur son sexe, entièrement épilé, ce qui est une rareté pour l’époque.
Alors oui, c’est long, c’est mou, et donc franchement ennuyeux par moments, mais l’étrangeté de l’atmosphère tout comme l’étrange beauté de Lina Romay font basculer le film dans une dimension irréelle et fantasmatique qui fait qu’il possède cette qualité bien rare de ne ressembler à rien de connu, et d’être à la fois un film d’exploitation d’un genre assez crapoteux, et un film d’auteur franchement expérimental.