Sans doute le dernier grand film de David Lean qui me manquait : le découvrir au cinéma a donc été un grand plaisir pour moi, le cinéaste ayant manifestement un talent rare pour faire vivre des fresques historiques de grande ampleur. C'est magnifiquement réalisé, filmé, photographié : on sent que le bonhomme a pensé à tout dans les moindres détails, n'hésitant pas (comme toujours) à opter pour une très longue durée afin de développer autant que possible tous les sujets qu'il souhaite aborder. J'ai parfois été ébloui, visuellement, bien sûr, mais aussi dans l'approche que peut avoir le réalisateur de l'histoire (reprenant manifestement plusieurs aspects de « Madame Bovary » et de ses personnages) : jamais de jugement, de manichéisme, personne n'étant réellement épargné ou totalement positif (si ce n'est peut-être le Père Collins, excellemment interprété par Trevor Howard).
Le fait que Rosy se comporte comme une gamine, que Charles soit ennuyeux à périr au quotidien malgré sa gentillesse... À la fois simple et complexe, s'enrichissant (grandement) d'une dimension historique (la lutte irlandaise pour l'indépendance) mélangeant habilement la « petite et la grande », « La Fille de Ryan » m'a paru toutefois un peu long, peut-être pas aussi lyrique qu'on aurait pu l'imaginer, ce qui n'empêche pas les moments forts
(la tempête)
et certains enjeux remarquablement intégrés
(la trahison de Thomas Ryan, notamment).
Bref, sans atteindre les sommets que j'aurais pu espérer, cela reste quand même du sacré cinéma, superbement mis en images et peuplé de personnages souvent inoubliables : un classique justifié.