Le charme de ce joli film vient certainement de sa modestie, de la façon toute singulière qu'il a de bâtir un petit quotidien autour de personnages attachants, tous mus par de petites ambitions, de petits espoirs et de petits accomplissements. Et de la paradoxale grandeur de ceux-ci, car dessinant une vie déjà si courageuse, née d'une absence toujours refusée comme drame. A l'image de ce titre simple qui résume à lui seul les enjeux.
Alors pourquoi basculer ainsi dans ce drame sans cesse évité ? En prenant trop d'élan, Erwan Le Duc, qui jusqu'ici signait un film bercé par une délicate poésie et décalé des quelques degrés suffisants pour faire mouche, grossit trop son échelle, son ambition et celle de ses personnages, et avance sur un terrain qui ne lui sied guère.
Cette quête soudaine d'un amour originel est finalement regrettable car elle avait plus de sens et de profondeur lorsqu'elle n'était le lieu de presqu'aucun enjeux scénaristique.
La dernière partie s'enlise donc dans la gravité, bien loin de la curieuse banalité, de la furie des débuts et de l'envolée que portrait le jeu physique et théâtral d'excellents comédiens.