Après le très peu conventionnel Perdrix, Erwan Le Duc renouvelle sa palette de fantaisie avec La fille de son père, un deuxième essai moins burlesque et peut-être plus convenu, ne serait-ce que par son thème, mais néanmoins sympathique et planant toujours au-dessus du niveau moyen des comédies françaises. Le fond de l'air devrait pourtant être à la tristesse, avec une mère qui se carapate sans préavis et un père qui se retrouve Gros-Jean comme devant, avec un bébé dans les bras, mais s'il y a forcément de la mélancolie, la gaieté demeure la dominante, à mesure que l'enfant devient adolescente (jolie manière d'accommoder les ellipses temporelles, soit dit en passant). Erwan Le Duc semble se méfier du réalisme comme de la peste et il a bien raison de vagabonder dans un récit où la tendresse voisine avec l'incongru. Mais moins que dans Perdrix, insistons, de façon à nous préparer à une toute dernière partie de film peu concluante et finalement inutile. Reste un agréable papillonnage existentiel et une relation père/fille exquise, qui ne sa laisse pas perturber par l'usure du quotidien. Et au milieu, trône la folie tranquille de Nahuel Pérez Biscayart, qui tourne peu mais marque toutes ses rôles de son élégante empreinte.