L’impression sur ma pellicule corticale de ce film, en fin de séance, m’a laissé dubitatif … c’est souvent mon cas.
Cependant, l’écriture a su libérer mes émotions et mes sentiments.
Erwan Le Duc, via son personnage d’Étienne (Allez les Verts, allez les Verts!), entraîneur amateur de foot, nous prend à contre-pied. En effet, il nous propose une antithèse sociétale, certes quelque peu utopique, qui sort des sentiers battus ; une vie de père guidée par l’Amour qui assume, qui assure sans les plaies de la culpabilité, sans les remords et les regrets du questionnement « Ai-je choisi le bon sentier ? »
Droit au but : élever, éduquer, faire grandir sa fille, un acte d’amour. C’est olympique, dirait-on à Marseille !
Le film prend le spectateur à un moment charnière : l’envol séparé de la fille, bien armée pour voler de ses propres ailes et celui d’Étienne qui largue sa vie de père pour vivre sa vie d’homme.
Mais tel un diablotin sorti de sa boîte, le destin survient sous la forme d’une Thalassa – thérapie à Nazaré, Portugal. Venue des profondeurs de l’océan mémoriel, la vague du passé, volontairement délesté de sa prégnance, les submergera-t-elle ?
Le film est porté par une jeune actrice et un acteur qui sont formidables, impeccables de justesse dans l’expression des émotions et des sentiments de leur personnage.
Erwan Le Duc profite de sa narration pour nous glisser quelques moments cinématographiques de choix:
• la volonté politique de transformer la pelouse de foot, gourmande en eau, en une forêt qui, elle, fixe l’eau ; accompagnée de la stratégie de contournement de la contestation par le possible empêcheur de reforester en rond.
• Les deux clins d’oeil à Sergio Leone avec d’une part le plan des retrouvailles biologiques sur la plage de Nazaré où le positionnement des trois protagonistes rappelle le célèbre duel à trois de « Le bon, la brute et le truand » ; et d’autre part le gros plan sur le visage de Céleste Brunnquell avec ses cheveux soumis aux caprices du vent qui évoque l’Harmonica dans une scène de « Il était une fois dans l’Ouest ».
Ces deux derniers plans clôturent pratiquement le film ; c’est l’heure des choix … « chacun sa route, chacun son chemin ... ».
J’ai aimé ce film, la finesse de son réalisateur et l’interprétation des deux acteurs principaux.
huit étoiles
Ancelle, le 12 mai 2024