Figures de proue du cinéma social européen et déjà lauréats de deux palmes d'or (Rosetta et L'enfant), les frères Dardenne, habitués aux éloges et aux prix en tout genre, ont pourtant connu un tiède accueil critique en mai dernier, à Cannes. On nous avait prévenu, malgré son humanisme et ses intentions plus que louables, le film est effectivement une déception.
L'héroïne, une jeune médecin culpabilisant de ne pas avoir ouvert la porte de son cabinet à une immigrée retrouvée morte, mène une enquête qui nous rappelle le porte-à-porte qu'effectuait Marion Cotillard dans Deux jours, une nuit, mais à la différence de ce précédent film (autrement plus réussi) qui comportait des moments de répit pour le spectateur et les personnages, La Fille inconnue est extrêmement monocorde et monotone. Les Dardenne se caricaturent eux-mêmes dans un scénario outrancièrement misérabiliste, tiré par les cheveux et lourd, à tel point que l'accumulation de mauvaises nouvelles devient presque involontairement comique.
On déplore également une absence totale de style au profit d'un naturalisme pataud et paresseux, ainsi que des interprétations inégales du côté des seconds rôles (beaucoup de répliques sonnent faux). Adèle Haenel (Les Combattants), toujours juste et parfois touchante, tire cependant son épingle du jeu en apportant de l'humanité à un personnage très peu écrit et sans nuance, ce qui n'était pas gagné d'avance ! À moins que vous soyez un immense fan de l'actrice ou des frères, vous pouvez donc passer votre chemin pour celui-là.
http://amaurycine.blogspot.com/2016/10/la-fille-inconnue.html