Une fois de plus, Claude Chabrol s'évertue à tacler la bourgeoisie... En l'occurrence, le film se déroule dans une municipalité bordelaise. Le fils revient d'un exil de plusieurs années aux USA. La mère est en pleine campagne municipale. Et l'on comprendra peu à peu les liens qui se tissent dans cette famille de dépravés...
Semi-incestes, meurtres, tromperies en tous genre, coups fourrés : tout le monde ne prend pour son grade ! Mais au-delà d'une simple peinture caustique et largement déjà vue chez le réalisateur, "La Fleur du Mal" s'avère aussi fin que profond.
Fin, car il n'est pas question ici de vraie intrigue. On est plutôt dans une trame de fond, qui permet aux personnages de dévoiler leurs failles à peine masquées. Outre quelques situations cyniques et cocasses, ce sont des petites phrases, des réactions discrètes, des non-dits et des gestes allusifs, qui font peu à peu comprendre au spectateur l'étendue du vice.
Le film bénéficie par ailleurs d'excellent acteurs. En tête, Nathalie Baye en épouse ambitieuse, qui épouse sa campagne pour échapper à un mari imbuvable. Celui est incarné par un délectable Bernard Le Coq, très à l'aise en vrai salopard lubrique.
Profond, car comme je le disais on n'est pas seulement dans une critique stérile. "La Fleur du Mal" aborde également la notion de culpabilité, et celle du mal en général : se transmet-il à travers une famille, par les gênes ou l'éducation ?
Bref, un Chabrol qui semble un peu mal aimé, et pourtant c'est pas mal du tout.