Histoires de cinéma
Ce qui étonne d'emblée dans ce projet qui semble de prime abord aspirer à la monumentalité par sa démarche et sa longueur, c'est le caractère incroyablement ludique qui irrigue ces 14 heures. Les...
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le 20 avr. 2019
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Ce qui étonne d'emblée dans ce projet qui semble de prime abord aspirer à la monumentalité par sa démarche et sa longueur, c'est le caractère incroyablement ludique qui irrigue ces 14 heures. Les acteurs et le réalisateur prennent de toute évidence un grand plaisir à nous raconter ces 6 épisodes, à jouer avec le cinéma, le parodier et le sublimer par moments ("cambrioler" dit le synopsis).
Le principe est simple : 6 films en 1, chacun empruntant à un genre de cinéma différent, avec pour point commun les quatre comédiennes principales. Le but du projet ? Aucun. Si ce n'est un pur plaisir assumé de faire du cinéma de genre, de raconter des péripéties, de multiplier les personnages.
Que ce soit dans la narration, le jeu des acteurs ou dans la mise en scène, la liberté est totale. Passer d'un genre à l'autre en plein milieu d'une scène (je pense à l'hilarant épisode 2 où, en plein mélodrame, la mise en scène change radicalement de point de vue et transforme l'épisode en film d'espionnage) est permis, tout comme imbriquer des couches de narration successives en multipliant les personnages uniquement pour le plaisir. C'est particulièrement frappant dans l’impressionnant épisode 3, plat de résistance de La Flor (5 heures quand même), d'une richesse et d'une liberté narratives inouïes, avec une audace de mise en scène incontestable (les 20 premières minutes par exemple). Le réalisateur se permet même une mise en abyme complètement dingue sur son propre cinéma dans l'épisode 4 qui rappelle un peu Adaptation de Spike Jonze dans sa facture.
Le film garde aussi la bonne distance et le bon ton pour éviter la lourdeur de la durée : les personnages sont dessinés à gros traits pour assumer le côté quasi-parodique, la "simplicité" des effets spéciaux est un souvent un motif comique, sans oublier les interventions du réalisateur face caméra pour faire le point et ironiser sur la durée restante du film.
Bon, les conditions de distributions de ce film au cinéma rendent l'expérience un peu particulière : 1 voire 2 semaines peuvent séparer le visionnage de 2 parties, sachant que les épisodes sont parfois coupés en plein milieu et l'intérêt qu'on peut porter à ce qui se passe à l'écran varie beaucoup durant ces 14 heures : l'épisode 1 n'invente pas grand chose, et les 2 derniers épisodes n'ont que très peu d'intérêt (l'un deux étant le remake muet de Partie de campagne). Il sera sans doute intéressant de revoir les épisodes en entier sans interruption en DVD (je parle du 3 et 4), ce qui rendra peut-être l'expérience meilleure qu'au cinéma.
Reste que cette "proposition de cinéma" est finalement d'une grande audace et originalité, sans autre ambition que de s'amuser avec le spectateur, et emportera très loin ceux qui accepteront de se prendre au jeu sans toutefois révolutionner le cinéma ou aspirer au chef d'oeuvre absolu.
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le 20 avr. 2019
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