"La Folie des Grandeurs" connut un succès en salles décevant, au regard des précédents films de Gérard Oury et des moyens engagés. Avec "seulement" quelques 5 millions de spectateurs. Néanmoins, ses multiples rediffusions sont parvenus à le hisser à la place qu'il méritait : celle de l'une des meilleures comédies françaises.
Oury adapte très librement Victor Hugo pour nous livrer cette histoire de coups fourrés à la cour d'Espagne du 17ème siècle. Et le scénario est l'un des principaux atouts du film. Monstrueusement riche en rebondissements et en répliques excellentes, taclant allègrement et finement la politique d'hier comme d'aujourd'hui. En effet, le tableau des nobles/politiciens ripoux et/ou déconnectés des réalités demeure tout à fait pertinent, l'aspect film d'époque lui donnant une allure de fable.
Le tout soutenu par des gags imaginatifs en tous genre, du visuel tendance burlesque aux mots plus subtils, de quoi séduire tous les âges. Evidemment, les interprètes n'y sont pas pour rien. Quelques bonnes têtes du cinéma européen, la jolie Karin Schubert (qui, anecdote célèbre, connaîtra une suite de carrière moins heureuse), ou Alice Sapritch en duègne vieille peau. Mais surtout, le tandem improbable Louis de Funès / Yves Montand, ce dernier ayant remplacé Bourvil, décédé avant le tournage.
Louis de Funès se déchaîne dans un rôle qui lui va comme un gant. Un ministre irascible et désagréable, obséquieux et funeste, qui n'a pour ambition que le pouvoir et l'argent détourné. Néanmoins, comme d'habitude, l'acteur parvient à rendre ce personnage terriblement attachant avec ses mimiques et son énergie.
Yves Montand, probablement séduit par le côté révolutionnaire de son personnage, s'avère très à l'aise en valet simplet et amoureux transi éminemment sympathique.
Tandis que ceux-ci évoluent dans une panoplie de décors somptueux, la production fortunée ayant couru à travers l'Espagne. Et l'on ne peut pas évoquer le film sans parler de la BO signée Michel Polnareff. De belles compositions, mais surtout ce thème principal "morriconesque" qui donne des allures de western épiques aux cavalcades. Ironique puisque certains lieux de tournages sont les mêmes que les films de Sergio Leone...
Un grand classique du l'humour, que l'on ne se lasse pas de revoir !