Cette relecture parodique de Ruy Blas de Victor Hugo ressemble à s’y méprendre à une pièce de Molière. Yves Montand est un Scapin de premier ordre, Louis de Funès un formidable conspirateur intéressé, les quiproquos sont nombreux, les coups de pied aux fesses pleuvent et les critiques à l’adresse de la société sont multiples. L’ensemble est parfaitement rythmé dans un cadre historique idéalement rendu. Louis de Funès est à son aise dans un registre qui lui va comme un gant même si on s’est efforcé de ne pas lui faire reproduire ses habituelles mimiques. Emporté par la musique entraînante de Michel Polnareff qui s’amuse à singer Ennio Morricone, le film de Gérard Oury est une véritable réussite.
Cette vision burlesque du théâtre romantique s’amuse à rendre visite à l’esprit cartoonesque (la scène du bain, celle du flamenco et de la hallebarde) qui donne un ton très particulier à l’ensemble. Le film hérite en effet d’un comique très théâtral propre aux classiques, d’un esprit parfois théâtre de boulevard, du burlesque propre à Louis de Funès, à son comique de caractère et de geste, mais aussi à la simple comédie populaire et aux aventures rocambolesques du cinéma de Gérard Oury. Ce n’est pas un comique de subtilité mais c’est toujours diablement efficace, le duo d’acteurs étant particulièrement inspiré, Yves Montand, notamment, très loin des rôles graves qu’il composait à l’époque de ce tournage.
De ce film que je n’avais pas revu depuis mon enfance, je me souvenais parfaitement de tous les gags ou presque, signe évident qu’ils font intégralement partie intégrante de notre patrimoine culturel. Des « riches qui sont faits pour être riches et les pauvres très pauvres » à « Il est l’or monseignor » en passant par l’épisode savoureux d’un oiseau messager pas très obéissant (« Pas la vieille ! »), du strip-tease d’Alice Sapritch au chapeau de Napoléon, le film enchaîne les morceaux de bravoure même si c’est, par endroits, avec facilité. Un classique même si, pour une raison quelque peu obscure, il ne fait pas partie de mes Louis de Funès préférés.