Ce film fait partie de ceux dont on entend parler, mais qu'on ne peut pas voir. Warner l'a sorti (très) discrètement en dvd zone 1 en 2006, et c'est lors d'une solde que j'ai pu acquérir ce petit bijou, mais qui n'est pas à recommander à tous.
Le film raconte comment un groupe de lapins quitte sa garenne pour s'établir sur des contrées plus sûres, où l'homme n'y mettra pas ses pieds, et pour cela, ils vont courir milles embûches, entre la découvertes d'autres espèces animales et surtout la confrontations entre d'autres clans de lapins...
La particularité du film de Rosen (et du roman éponyme) est que les animaux parlent, vivent en communauté, et ont leur propre mythologie, d'ailleurs, les noms ont diverses inspirations religieuses, et certains ont des grades militaires, d'ailleurs, le film peut-être lu comme une exode vers un autre monde, comme certains écrits religieux nous le relataient.
Le gros point fort (parmi d'autres), est que c'est un dessin animé relativement mature ; il y a des combats de lapins très sanglants, on ne compte plus le nombre de morts d'animaux griffés, écrasés, éviscérés, c'est parfois dur à voir, car le film est sans concessions sur une violence au fond primaire entre animaux d'une même espèce.
On peut y voir dans ces combats ce qu'on voyait durant la guerre du Vitenam, où des soldats américains cherchaient des civils dans des terriers, et c'est la même chose dans la folie du général Woundwort, qui est le grand méchant du film, et un lapin sanguinaire.
Son apsect esthétique est aussi particulier, car les dessins sont souvent de couleur sombre, avec des passages graphiques assez effrayants, où l'on voit une sorte de cauchemar sur fond de musique de Garfunkel, et un travail très intéressant sur les ombres, portant comme des menaces sur ces petits êtres.
Cette dureté rend le film passionnant à voir, et c'est de cette violence que ressort une émotion rarement vue, car l'antagonisme de voir des animaux mignons comme les lapins est contrebalancée par la violence qu'ils subissent. D'ailleurs, sans révéler quoique ce soit, la fin a quelque chose de très dur à voir, car on atteint une portée quasi biblique, avec une mort assez pénible à voir., et qui fait que, comme tout le film, ça n'est pas un film conseillé aux enfants !
Le doublage serait un des seuls bémols que je pourrais porter, pas au niveau des voix, très bien choisies (John Hurt est le seuil acteur réellement connu, il joue le rôle de Hazel, le héros), mais à la sensation que le texte est parfois lu au lieu de donner une véritable intonation, excepté celle du général Woundwort, qui joue les méchants avec une grande subtilité.
Malgré le fait que le film d'animation soit très souvent considéré comme un genre pour gosses, malgré des réussites comme Le tombeau des lucioles ou Valse avec Bachir, il ne faut pas oublier ce film-là, qui me fait espérer autre chose.
Martin Rosen a réalisé ensuite un autre film, encore plus introuvable que Watership down, nommé Plague dogs. Et vu les critiques dithyrambiques que je lis dessus, je piaffe d'impatience à l'idée de le voir, car je pense que Watership est un film qui a su me remuer comme rarement.