La Folle escapade, 4 ans avant The Plague dogs, est un pamphlet écolo d'une certaine torpeur et aux faibles enjeux. De la première adaptation par M.Rosen des dénonciations de R.Adams, on peut y voir les prémisses d'un travail plus fouillé à venir pour le périple de nos deux canidés. En lieu et place d'un renard, un oiseau. Toujours rompu aux comportements délétères des humains et risques associés qui viendra prêter main forte au groupe. Si le renard ici, rappelle à la chaîne alimentaire, une seule scène en hors champ vient alors en porte-à-faux des portraits domestiques. Un chien de garde aux tueries gratuites à conforter l'imagerie collective et une chatte (ou un chat) au physique masculin mais à la voix féminine, freinée encore dans ses élans destructeurs par l'intervention du personnage empathique que l'on retrouve dans The Plague Dogs. Mais les caractérisations ne sont pas toujours réussies.
Un dessin moins fluide, et moins marqué par ses traits pour un environnement souvent répétitif de collines, de terriers et de verdure pour autant d'échanges dialogués du groupe. On peut en être frustré, d'autant que l'alerte au danger de l'étalement urbain, ne laissant pas de place à leurs premiers occupants, est toujours nécessaire. La construction d'un lotissement sera minorée au profit d'une ballade bucolique et ensoleillée à la recherche d'un nouveau paradis et peu d'inserts visuels dramatiques viendront souligner la noirceur de leur condition. Les hommes qui auront poussés le groupe à fuir leur garenne, ne sont pas les plus dangereux ici, même si on retrouve la menace invisible et bien présente par les seules jambes d'un paysan et son fusil.
Le danger viendra de leurs congénères. Les strates sociétales hiérarchiques explosent avec le portrait d'un général Lapin, obsédé par son statut pour un portrait de la résignation de ceux qui y sont soumis, métaphore d'une société humaine, ses travers et son absence de solidarité. Le refus de la condition féminine, par la rébellion d'une lapine frustre tout autant par sa rapidité, tout comme on oubliera celles, domestiques, laissées dans leur cage. Si notre petit groupe répondra à l'imagerie solidaire et plutôt bon-enfant, focus est mis sur leurs combats aux griffes acérées et aux effets sanglants toujours étonnants pour un animé. Avec moins de séduction encore, on retrouve les interludes rêvés pour une approche détournée de la psychologie animale, avec un rapport à la foi et un effet miroir de nos croyances pour une tentative poétique presque dénuée d'émotion.
Toujours intéressant pourtant pour l'époque. Alors que les inserts sanglants peuvent être mieux expliqués par les lois naturelles, s'il se veut un panel de nos sociétés, il reste dérangeant avec l'appel au viol de ses lapines par ce général dictateur et on aura du mal encore à proposer le visionnage aux enfants.
Reste à lire le livre qui pourra rattraper ce flottement visuel.