Un Bergman assez inconstant, on sent qu'il continue de progresser dans son cinéma, étant de plus en plus à l'aise avec sa caméra ainsi qu'avec ses effets de montage, mais c'est au niveau du scénario que le film pêche le plus, c'est bordélique et on ne sait pas trop où il va ni où il veut nous amener. Et si les effets de montage sont de plus en plus créatifs, ça ne veut pas dire que le montage en général est réussi, c'est un film d'à peine 1h20 qui semble durer bien plus longtemps, car sa structure est bordélique à souhait. Ce film ressemble à un énorme brouillon, on y retrouve des thèmes controversés pour l'époque (dont l'avortement, l'adultère, ou l'homosexualité notamment), mais rien n'est exploré en détail. En somme c'est une découverte sympathique, mais qui est très loin de ce qu'on attend d'un film de Bergman, mais dans le contexte de sa filmographie, ça a un léger intérêt.
C'est donc la fin des années 40 pour Bergman, et j'en profite pour dresser un premier bilan de ce cycle. Comme je m'y attendais, c'est poussif, Bergman est encore en phase de rodage, son cinéma est au mieux très brouillon, au pire ultra insignifiant. On peut y voir des promesses, mais je me demande si je serais capable de les voir si je n'avais pas le contexte de celui qu'il deviendra plus tard. Ce qui est sûr, c'est que si je n'ai pas encore trouvé de génie dans son cinéma, des promesses, oui, mais rien d'exceptionnel pour l'instant. Etant déjà assez familier avec son cinéma futur, j'y trouve quand même un paquet d'éléments qui seront repris, retravaillés, et largement améliorés plus tard dans sa carrière.
Mais si cette première phase de sa carrière est poussive, elle est loin d'être aussi dure que ce à quoi je m'attendais en lançant le cycle. Certes aucun film ne m'a subjugué jusqu'à présent, mais en dehors de son tout premier film, Crise, il y a des points positifs à retirer de chacun de ses films, et l'ensemble n'est pas désagréable, juste pas transcendant. Et c'est aussi intéressant de découvrir d'autres de ses acteurs fétiches qui ne sont pas aussi connus que ceux qui viendront, comme le talentueux Birger Malmsten, figure centrale de cette première phase de sa carrière. Mon cycle avance lentement pour l'instant, par manque de motivation, mais j'ose espérer que l'arrivée imminente de films excitant va me donner un gros coup de boost, qu'il s'agisse de découvertes ou de redécouvertes (et là on entrera dans d'immenses classiques, donc j'ai hâte).