En 1972, John Boorman créait "Délivrance", film tourné en Géorgie, au pied des Appalaches, dans un secteur destiné à être recouvert par les eaux après la construction d'un barrage. L'essentiel de l'intrigue se déroule sur une rivière bordée de part et d'autre par une forêt dense.
Treize ans plus tard, le cinéaste revient en forêt, cette fois beaucoup plus au sud, en Amazonie. Le projet de construction d'un barrage est dirigé par un ingénieur, Bill, qui ne semble pas conscient des dégâts que va causer l'édification du barrage sur le milieu naturel, milieu dont font partie plusieurs tribus d'indiens.
Les Invisibles, l'une des tribus menacées, enlève le fils de Bill, Tommy. Ce dernier est élevé pendant dix ans selon les rites de la tribu et devient un véritable indien.
Le film est évidemment un plaidoyer pour la préservation de la forêt amazonienne et des rares tribus indiennes subsistantes en même temps qu'un réquisitoire contre l'approche "occidentale" du milieu naturel qui est appréhendé et traité comme une source de richesse dans le sens premier du terme. Les indiens ont besoin de la forêt pour vivre, les industriels l'utilisent et la détruisent si nécessaire pour s'enrichir.
La capture et l'éducation de Tommy par la tribu des Invisibles montrent bien que la culture est un acquis : Tommy, blanc, fils d'une famille blanche s'est totalement assimilé à son milieu, culturel, social, environnemental. Il ne peut plus revenir en arrière, même s'il protège son père, il défend avant tout son village.
Et que finalement Bill se rende aux évidences, c'est à dire au désastre que pourrait engendrer la mise en œuvre du barrage mais aussi à la vie d'indien qui attend désormais son fils, "perdu" pour les codes sociaux occidentaux mais empli d'autres valeurs, beaucoup plus spirituelles, est peut être un signe de l'optimisme raisonnable que veut faire partager John Boorman.